Deville-Chabrolle Journal d'atelier (retrouvé !)

Olivier

C'est vrai je n'aime pas quitter mon atelier, tout le monde le sait.

Mais il y a quatre plaisirs qui viennent largement contrebalancer ce petit désagrément.

1) Etre en voiture avec mon fils.
Je pense que la voiture nous inspire...c'est souvent là que nous discutons le plus...
des sujets les plus variés Grammaire (oui je sais c'est bizarre ...mais on aime ça tous les deux aujourd'hui c'était du  bon usage de "par contre ou en revanche") , vie passée présente et à venir, politique (heu...là c'est plus lui que moi), lecture, écologie ou du n'importe quoi tout tout à chacun.....

2) Retrouver Olivier à la fonderie.
Passées toutes les blagues habituelles presque rituelles...mais sans lesquelles
on ne se sentirai pas tout à fait en famille...on sent monter la jubilation de la recherche d'une nouvelle patine.
En général je lui ai parlé avant de ce que j'aimerai, et avant que j'arrive il a déjà préparé ses petits essais et là ça commence"...oui mais si on fait ça"..."non pas comme ça , pas exactement... tu vois un truc plus...moins.."etc etc...je vous fait grâce de tout le débat.

3) Le stress du premier essai directement sur la pièce..."bon...on essaie? alors attends toi tu commence par ..." et moi pendant ce temps...."non là faut en enlever..je veux qu'on voit un peu l'or en dessous"... "oui mais si je ne mets pas assez de ceci" et là...je vous laisse admirer la grâce et l'élégance du fondeur tenant les cheveux et le collier de son sculpteur qui menaçaient de rester coller sur la pièce.....

4) Le repas tous les trois Jérémie, Olivier et moi, au petit restaurant chinois d'à coté.
Où l'on reparle de la patine en cours  (D'accord on est un peu obsessionnels, je le reconnais....oh la la!) des futures patines, des choses qu'on devrait essayer et de n'importe quoi comme tout...(voir plus haut chapitre Jérémie).

Au retour? Heu...... je dors dans la voiture! je réfléchis dans la voiture!

L'or pâle de la peau

Un instant un rayon de soleil velours est venu se poser sur la cambrure de ses reins.

Une myriade de grains de poussière d'or se sont illuminés , là,
dans le creux révélé par la lumière. Tout près de l'enlacement ophidien de la chevelure.

La beauté est multiple, apparaissant disparaissant par instants lumineux.

Il suffit d'être là, transparente et immobile et silencieuse, pour la saisir.

Nouvelles d'avant hier (fin)

...Pendant les intermèdes j'allais de temps en temps dans la cour de la fonderie? voir ma pauvre "Nomade" tout juste sortie du four...

Pleine de trous, de coutures, se faire "Karchérisée " , privées de ses bras, sans défense...

Elle va partir à la ciselure aujourd'hui, pour être prête pour l'exposition elle aussi...

Je trouve toujours émouvant ce moment, où, après avoir été de belles sculptures de terre, et avant de devenir des bronzes...elles passent par ce "purgatoire" de la sortie du four.

Belles encore, dans leur fragilité , comme blessée par les coutures du moule qui rampent sur leur  corps....comme des végétaux d'un autre temps,
ou les stigmates de leur renaissance ....

nouvelles d'avant hier 1

Hier grosse journée de travail.

Départ de bonne heure, avec la terre de "fausse pudeur", pour retrouver Antonio et Olivier à la fonderie DELVAL.

D'abord Antonio pour lui donner l'original à mouler et valider le plâtre de "la danseuse d'Izu" avec lequel nous avions eu quelques soucis.

Ceci étant fait, réunion au sommet (ma soeur, olivier et moi) pour créer les patines de "Yoko" et "Pays de neige"...la patine de fond étant prête un noisette très doux..nous discutons de nos idées de couleur..moi j'avais en tête un vert jade très doux, Oliviers des bleus.
On commence donc par essayer de trouver la bonne couleur de la robe...
Toujours difficile de deviner au fil de la patine, la bonne nuance parce l'effet définitif ne se voit vraiment qu'à la fin....

Et puis les couleurs apparaissant petit à petit on décide de stopper net à un moment, on tenait les nuances douces que je voulais le noisette se fondant délicieusement au gris vert qui sert de sous couche normalement, et on reste sur une couleur de peau d'un caramel très doux..
le contraste mettant particulièrement en valeur la ligne haute et épurée de Yoko...
pour les amateurs de précision...Yoko mesure 90cm et sera exposée pour la première fois lors du vernissage le 29 mars à la galerie Elysées

Paris

Retour à la fonderie aujourd'hui...
Petite réunion entre ma soeur, Robert (bartoux) notre galeriste, olivier et moi...

Pendant que la "petite idole" se faisait repoudrer le nez, nous avons mis au point le choix et la quantité de sculptures qui seront à l'ouverture des galeries de Courchevel et Mégève...
Et d'autres projets mais chutttt!

Et Puis retour dans Paris, ballade, et hôtel de nouveau demain je pars à la recherche d'outils pour la sculpture...... les vrais et bons outils sont de plus en plus difficiles à trouver...

Mais maintenant.....lecture et repoS;

à Olivier

En partant, j'avais pris ma caméra pour filmer les essais de patine , et mon appareil photo.....mais  il y a eu cette nuit blanche la veille, et puis aujourd'hui la route, et la pluie, et tout ce silence dans la voiture....

En arrivant chez Olivier, à la fonderie, je ressentais juste quelque chose  entre l' envie de pleurer, l'envie de me dormir en boule quelque part , et le mal au coeur.

Olivier a bien vu que ça n'allait pas fort, alors j'ai juste fait cette photo,pour dire, et puis  on s'est mis tout les deux  à travailler tranquillement...
on était bien,parce qu'on a trouvé tout de suite une belle matière .
En usant sa patine toute brillante  on a fait réapparaître sous le brun clair.. des gris-verts , et des ors ...à peine.. en transparence.
Alors  à l'unanimité( de nous deux) on a décidé qu'elle resterait  mate ...que c'était beau , que ça nous plaisait.

Moi , du coup, j'avais un peu moins envie de pleurer, un peu moins mal au coeur, on a bu un thé en parlant de la vie...

Quand j'ai repris ma voiture il pleuvait toujours.
La lumière se traînait  à ras de terre .
Je me suis arrêtée pour acheter de l'aspirine , parce qu'il fallait encore que je trouve mon hôtel à Paris et un parking pour garer ma voiture et que la nuit commençait à tomber.

Oui, je sais l'aspirine ne sert à rien contre ça...mais il y avait une place juste devant la pharmacie...

l'infra-vie

On dirait presque une photo en noir et blanc et pourtant non...ce sont les enfants-lianes à leur sortie du four...dans la poussière  de la fonderie

J'aime cette image ..... j'imagine qu'elles devaient avoir cet aspect là...avant que je ne les sorte de la terre.

Entre pierres et lianes..avec leurs racines arrachées..

On ne sait jamais rien de ce que nos mains vont trouver dans la terre .
On sculpte en aveugle .
On essaie juste de sculpter "cette chose" que l'on sent à l'intérieur de soi.
Et parfois.... des mois plus tard une photo nous dit que nous avons raison de croire en nos chimères.

Il y a une vie secrète, parallèle, intuitive qui palpite derrière l'autre.
Il suffit peut être de vivre un peu moins fort que les autres pour capter cette sorte "d'infra -vie....."

Demain, fonderie

Demain je serai à la Fonderie DELVAL.

Avec Olivier je vais mettre au point la patine des "Enfants-Lianes"
Je lui ai demandé de préparer une couleur générale "caramel" mais je voudrais voir comment on peut traiter les robes .

Je voudrais mettre en valeur la géométrie "tournante" et faire apparaître la matière...

Je vous raconterai.

#4 Une journée à la fonderie Delval

Journal d'Atelier Episode #4
Une journée à la fonderie Delval.

 

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Tous les matins du monde

Vous vous souvenez comme il avait été difficile de lui trouver un titre... Finalement je l'ai emprunté.
Elle s'appelle "tous les matins du monde"

La photo n'est pas très bonne, le visage surtout a une mauvaise lumière, mais elle existe puisqu'elle existe en bronze...

j'imagine quelquefois qu'en passant devant une galerie à Paris, Honfleur,Lyon ou Palm beach (ça c'est pour faire chic).

en voyant une sculpure que vous avez vu nue jusqu'a l'armature si j'ose dire....et dont on a parlé ensemble j'imagine que vous ne les voyez plus de la même façon....

qu'elle est plus proche, je vous imagine même avec un petit sourire du genre de celui qu'on a quand on retrouve quelque chose de familier, un nom oublié...

mais est ce que le charme n'est pas rompu, le mystère moins dense ?