Deville-Chabrolle Journal d'atelier (retrouvé !)

La patine qui tue

Oui, ce que je ne vous ai pas dit c'est qu'il s'agissait de la première patine du "Mur".

Pour Elle c'était simple un brun doré très doux...

Mais pour le MUR!!! Alors là !!!je voulais un aspect de vieux mur ,rugueux poussiéreux, usé, abîmé par le temps...en forte opposition avec la matière lisse et douce du personnage...
Sur mon argile c'était facile de donner de la matière...

Mais pour la patine c'est vraiment habituel de faire une sorte de poussière grisâtre, mate, poudreuse, avec du grain et tout...
Et ben...mon Olivier il a trouvé un truc...je vous dis pas quoi c'est hyper-secret...

Ce que je peux vous dire c'est que le petit local patine...Il avait besoin d'un sacré ménage après, qu'Olivier et moi on était aussi gris que le mur (sauf qu'on avait pas les reflets dorés NOUS) et qu'un quart d'heure après "l'expérience" on en avait encore jusque  dans la bouche de la fameuse poussière du mur!

et pour en finir

Bon on pourra dire que cette sculpture aura généré pas mal de commentaires...

J'ai été passionnée votre manière de vous l'approprier, et d' imprimer sur ce mur vos ressentis

                                                                                                                                                                                                                             Mon angle de vue était un peu différent mais ni plus intéressant ni moins que le votre...il y a des mots et des symboles gravés sur le mur....c'est un autre chemin parmi tous les possibles ....

Le Poème  qu'Amichel à mis en commentaire est ce qui se rapproche le plus de ce que je ressentais....je vous l'ai mis en note...

merci Amichel

Laisse moi retrouver le lieu de mes délices 
Les jardins de mes jeux et des amours complices
Vieux mur entre ouvert de la porte des cieux
Contre ta pierre nue mon corps respire mieux
Le vent à travers toi m’apporte les chansons
Et les rires joyeux de filles et de garçons 
Les amants bienheureux d’un paradis secret
Un verger de beautés dont tu gardes l’entrée
Ne devines tu pas tout l’amour qui m’anime
Tout mon être est tendu et tout à toi s’arrime
Comme on cherche un appui un ami secourable
Réponds à mon désir ô mur sois charitable
C’est de l’autre côté que je veux vivre enfin
Aller dans la lumière en suivant le chemin
Que je devine et que j’entr’aperçois au loin
En laissant pour toujours mon ombre et mes regrets

le mur et elle

Voilà la sculpture est terminée.

Le mur est en train de se fendiller comme je l'espérais...

Impossible de vous faire de meilleures photos pour ce soir
La lumière n'était pas assez bonne.

Je pense que demain à la lumière du jour je pourrai faire mieux..enfin....peut être!

Bon, Kiya et moi on se fait une soirée entre filles, faut que je file.....

La rencontre

Aujourd'hui, alors que la nuit arrivait, elle a enfin touché le mur....

Le front contre la terre, elle se repose enfin, s'arrête.
Leur dialogue n'a pas encore commencé? il fallait  d'abord qu'elle le touche.

Que lui la sente contre lui, qu'il l'identifie.

Peau à peau.

Je n'en sais pas plus pour ce soir.

Je les ai laissé l'un près de l'autre, dans l'obscurité de l'atelier et dans celle de leur rencontre.

Quand j'irai demain à l'atelier je saurai peut être ce qu'ils ont échangé.

La faille en lui

Pour le moment il ne se sont pas encore confrontés...Le Mur et Elle.

Elle en est à la fragilité de naître.
Lui a toujours été là.

Il est de l'ordre de la Certitude .
Elle est de l'ordre de l'imaginaire.

Le seul possible entre eux, c'est cette faille en lui.

le bruit

A peine sortie du ventre chaud de la terre.
A peine esquissée, mal dégrossie.
A peine vivante, encore sourde et aveugle.

Et pourtant elle l'a entendu.

Je l'ai vu, à son attitude,  à cette seconde de trouble, la tête légèrement tournée  vers ce bruit inconnu.

Elle l'entend.

Pour la première fois, elle l'entend ...ce bruit sourd , régulier, étrange.

Un battement de coeur humain.
Le battement de mon coeur.
Doucement,  dans sa poitrine, quelque chose bouge ,à peine, quelque chose se met battre.... au même rythme.

Attentive, elle écoute ce double mystère.

La porte étroite

  On ne sait jamais où commence vraiment une histoire....
Du mur plein ..au mur évidé...
on attend..
Cette porte pas vraiment ouverte , mais pas fermée non plus...
Juste l'espace pour...

J'ai dans ma tête la sculpture finie, on y parle du temps qui n'en finit pas de nous faire mourir...juste une idée  et moi qui tourne autour...

Il y a bien cette autre armature derrière...une autre idée
Il semble qu'il n'y a pas de lien entre les deux...

Mais il arrive que toutes ces  formes de vie en devenir ,finissent par dévorer la mienne...de vie

Enfin, je ressens ça ce soir.
sans doute parce que la journée ne s'est pas bien passée.
Sans doute parce qu'à un moment ou à un autre, sans que je sache où, quand, et comment  il y a eu en moi cet infime glissement de terrain qui laisse la tristesse entrer par effraction.