Je ne sais pourquoi aujourd'hui je la vois comme un petit derviche tourneur.
Enfermé dans le périmètre imaginaire de son amour.
Tournant lentement puis de plus en plus vite, inspirée, extatique.
Coulant comme au fond de l'eau.
Dans des cercles concentriques de plus en plus fuyants, de plus en plus étroits.....
Seule en elle même.
Comme toujours.
Seule en elle même.
Se noyant.
Rédigé à 14:17 | Lien permanent | Commentaires (2)
Si l'on admet que chaque médaille à son revers, chaque âme sa part de lumière et d'obscurité.....
ou encore qu'il existe sous chaque réalité son opposé ...
Alors regardez cette image de mon atelier, tout est calme, baigné de cette lumière fraîche du matin, chaises et parasol vous invite au repos....le saule balance doucement ses branches légères ...
Et pourtant l'atelier a aussi son enfer , invisible au premier regard, et pourtant bien présent, là... à deux mètres sous le sol, après avoir descendu un petit escalier moussu...... dans l'obscurité de la cave ..et dans un absolu silence...
Vit un peuple misérable et abandonné, les yeux aveugles, les membres coupés : les plâtres des anciennes sculptures.
Sculptures résignées à leur enfer, ou arrêtées dans un dernier mouvement de fuite, les doubles des bronzes rutilants qui sont peut être chez vous, les traîne- misére de ma création...demeurent dans leur enfer
C'est toute une mémoire morte qui se couvre de poussière, s'abandonne à la pénombre, déchirée une seule petite heure par jour, quand le soleil du matin entre par effraction par la porte arrachée....
Rédigé à 18:22 | Lien permanent | Commentaires (11)
Maintenant , advienne que pourra......
J'ai jeté les bases, donné les direction, l'intention et déjà la belle commence à se dégager de ma volonté...
Elle a son propre rythme...
Sa respiration intime...
je me rend compte à la fin de la journée que sa base commence a ressembler aux racines de l'arbre, amant de ma maison.
Qu'elle sur la peau cette matière organique, végétale .
je me demande si elle se "végétalise" ou si son corps garde le souvenir d'une étreinte ligneuse.
il faut la laisser maintenant aller à son pas.
Il faut que la main soit légère pour détacher une à une les délicates membranes qui cachent encore ses secrets...
Le sens des choses, des mots, des êtres ne se dévoile qu'avec douceur et patience....
Rédigé à 17:28 dans Vie de l'atelier | Lien permanent | Commentaires (3)
Pour ceux qui demandaient un peu de technique....
Photo 1) l'armature:
Dans ce cas précis sculpture debout et assez haute...
fers à béton aux dimensions ...(ici les "jambes" ont été volontairement étirées) . Autour des fers à béton, des fils de fers sont tournicotés ,croisés recroisées...pour retenir la terre et lui éviter de glisser, de plus comme la sculpture est debout et haute ont l'a soudée au milieu du corps à une potence pour qu'elle ne bascule ni en avant ni en arrière.
Photo deux: monter la terre: Il suffit de presser la terre contre l'armature , la faire entrer autant que possible dans les croisillons de fil de fer , pour que le noyau de la sculpture soit bien stable et dense...
troisième photo: commencer très grossièrement à définir les volumes et la pose...
photo 4:
définir le volume de la tête,( la longueur servant comme unité de mesure à toutes les autres parties du corps,) et rééquilibrer l'ensemble ce qui permet par la suite de marquer quelques repères anatomiques(ligne marquant la hauteur des seins de l'entrejambe, la largeur des épaules etc...
photo 5: préciser les volumes tout en en commençant a travailler quelques détails....
Voilà c'est tout pour aujourd'hui
Bon, ceci dit, c'est ma manière de procéder, mais autant de sculpteurs autant d'habitudes différentes...
Pour moi ce n'est que quand le dos et les côtés seront aussi avancés que le devant que le véritable travail du sculpteur commence, c'est à dire corriger et encore corriger puis tout mettre en oeuvre pour donner du sens à ce qui n'est pour le moment qu'un travail d'anatomie....
Rédigé à 18:43 dans Vie de l'atelier | Lien permanent | Commentaires (8)
Je m'appelais "l'air du temps".....sans doute parce qu'une femme m'avait un jour pris au filet de ses rêveries...
puis de ses mains elle m'avait donné une forme, un visage pour un nom, et toujours cet air de solitude qui lui ressemble tant....cette non-présence...
Plus tard je me suis retrouvée incarcérée dans un cauchemar de métal.
Moi qui n'était qu'une douce image de terre, j'ai du me contraindre a la froide rigidité du métal .
je suis maintenant sous le regard des passants, une vitre nous sépare....j'essaie de me souvenir ...du visage et des mains de celle qui m'avait capturée lorsque je n'étais encore qu'une idée dans l'air du temps.....En vain
Rédigé à 15:37 dans Vie de l'atelier | Lien permanent | Commentaires (7)
Quand je suis rentrée chez moi avant-hier, une armée de bambous s'était levée devant la maison....
jusque devant les fenêtres....
Pour protéger la maison, peut-être...
Ou alors peut être que le temps s'écoule plus vite sur terre que sur la planète ou j'étais...
Mais le jardin bleu protège son navire, en interdit l'accès, et lève ses armées quand il le faut pour protéger le silence de la maison et celui de sa voyageuse......
Rédigé à 09:46 | Lien permanent | Commentaires (4)
Cette nuit je me suis réveillée à 1h du matin.
Je suis descendue faire du thé, et je l'ai bu dehors sur les marches de l'escalier.
Il faisait nuit et chaud, il y avait l'odeur de la terre, celles des fleurs, et la puissance obscure des arbres.
Sur l'allée de gravier se dessinait le rectangle de lumière de la fenêtre de ma chambre.
Inutile d'essayer de savoir par quels tours, détours et autres chemins de traverse mes pensées se sont enchevêtrées, mais deux heures plus tard j'avais décidé de changer la pose et le sens "d'esprit de solitude".
Ce matin le mur avait disparu.
La belle avait baissé le bras et un ruban serpentait autour de lui pour s'enrouler jusque dans ses cheveux .
Sincèrement je ne sais pas pourquoi ce changement, je pense que l'émotion ressentie dans le jardin y était pour quelque chose....parce qu'il y avait quelque chose de l'enlacement entre la nuit, les parfums et les arbres......
Rédigé à 22:08 dans Vie de l'atelier | Lien permanent | Commentaires (8)
Pour petite vertu c'est fait....
Demain elle part pour l'élastomère...
Jérémie s'acharne encore sur les derniers dixièmes de millimètres qui font que le pli...que l'arrière de l'oreille, que.....
Pire que moi celui ci...
Moi je suis passées a la main mal sortie de "Cerise" qu'on a refaite complètement....
Après je le laisse finir seul Clémentine pendant que je me remet à mes sculptures.....ouf!!!
Rédigé à 14:19 dans Vie de l'atelier | Lien permanent | Commentaires (8)
Chapeau de paille, épaules et bras nus les ateliers ont migré vers le jardin ...
Pour retravailler les plâtres rien ne vaut la lumière naturelle..
"Clémentine" est revenue au bercail pour se faire refaire une beauté avant le moule définitif en élastomère...
Il a l'air de faire bon vivre pour ces deux demoiselles
qui papotent au soleil...
Et si leur peau reste d'albâtre, la mienne a tendance à rougir dangereusement...
Rédigé à 14:05 dans Vie de l'atelier | Lien permanent | Commentaires (7) | TrackBack (0)
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