CAP SUR UNE CLIQUE QUI CLAQUE
La Clique : un nom de compagnie que l’on ne saurait mieux seyant pour ce quintette de jeunes comédiens – trois femmes, deux hommes – tout en harmonie : nul ne s’arroge le devant de la scène dans cette comédie débridée où grande cependant pouvait être la tentation pour chacun de dire plus haut, de parler plus fort, de briller plus vif. Car si le jeu est unitaire certes, la pièce qui tend à signifier « les méandres du langage contemporain » relèverait plutôt d’une cacophonie verbale.
Et pourtant… C’est à une cacophonie savamment orchestrée que nous assistons ici, au point que semble se résorber en elle toute contradiction apparente entre homogénéité d’interprétation et sinuosité du propos ; d’un tel oxymore structurel résulte selon nous la qualité de cette mise en scène que cosignent Frédéric Gray et Célia Nogues, au demeurant acteurs de leur propre création. Sobre sans excès ni prétention aucune, celle-ci, en ce qu’elle vient servir avec limpidité la pensée, le style, l’expression mêmes de Jean Tardieu, témoigne d’une lecture et d’une adaptation particulièrement intelligentes : sous nos yeux rivés au petit plateau du Guichet Montparnasse, prennent vie ces textes dont on éprouve un plaisir immense une fois encore à mesurer l’intemporalité dans un monde moderne secoué par une crise des valeurs sans précédent et une perte de sens jamais appréhendée jusqu’alors.
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