Depuis l’enfance, j’étais ici pour apprendre l’art subtil du silence. Paradoxalement nos maîtres, commençaient d’abord par nous enseigner les mots. Tous. Nous devions les écrire, en trempant le doigt dans du miel, ainsi en les léchant, du bout de la langue nous nous nourrissions de leur sens.. puis nous les observions longuement. calligraphie, sonorité, poids, couleur, nuance … Nous nous exercions à leur maniement, les plus effilés et tranchants filaient comme des lames. Les autres, les mots qui soignent guérissaient toutes les blessures, celles de l'âme, celles de corps. Puis, au cours des années, nous apprenions à supprimer les moins utiles,ou les moins beaux… Certains d’entre nous arrivaient à l’adolescence avec seulement une dizaine de mots, leurs préférés,les plus tendres, les plus fort ou les plus audacieux. Ils les gardaient aussi longtemps qu’ils en ressentaient la nécessité. Après….. tout n’était qu’une question de temps…… lorsque nous étions prêts a abandonner mot après mot jusqu'au dernier, sans regret, sans peine, c’était que notre enseignement arrivait à son terme. Il était temps, pour nous, de partir sur les routes, pour témoigner du Silence.
Difficile ce soir de me détacher de ce petit coin de glace..ou fondent les mots jusqu'à l'abandon Marie..Ce "petit conte pour se taire" est d'une douceur exquise..
baisers
pierre
Rédigé par : pierre b. | 26 juin 2006 à 22:14
Il est des mots dont les baisers
Nous font penser qu'ils ont des lèvres,
Ces mots sont d'amour, ou d'espoir,
D'immense amour, s'espoir sans trêve.
Ces mots sont nus et ils embrassent
Lorsque la nuit perd son visage,
Ces mots sont nus et se refusent
Aux murs de ta déconvenue.
Des mots soudain hauts en couleur
Au milieu d'autres sans saveur,
Des mots épées, inespérés
Tels la poésie ou l'amour.
(Voilà le nom de qui l'on aime
Lettre à lettre tout dévoilé
Sur un bout de marbre distrait,
Ou de papier abandonné.)
Ce sont des mots qui nous transportent
Là où la nuit est la plus forte,
Jusqu'au silence des amants
Qui s'étreignent contre la mort.
Alexandre O'Neill
pour une autre citation faite par Elvira et João dans http://tabac.blogspot.com/
Rédigé par : Mademoiselle Jane | 27 juin 2006 à 09:00
à mademoiselle Jane
je le prends
je l'aime
il n'y a que la poésie qui projette le sens bien au-delà des mots
merci bisou
marie
à Pierre
Faire fondre les mots sur le bout de la langue, pour l'extrème douceur...
baisers
marie
Rédigé par : marie | 27 juin 2006 à 12:22
Oui tu as sans doute raison Marie seul le silence contient tous les mots dits et non dits, écoute ces quelques mots :
Oh que dans le soir le vent se taise
même s'il nous reste l'espoir
car tout n'est que... sable mouvant
et glaise...
Oh que le vent se fige dans le soir
et fasse de cette quiètude illusoire
un havre d'éternité
car s'il nous reste l'espoir
il y a aussi la fatalité...
SVEN
Rédigé par : sven | 27 juin 2006 à 17:47
à Sven
je trouve ça très beau, je les relirai "dans la quiètude illusoire du vent qui se fige", le soir, je les relirai sous mes paupières les yeux fermés, et je me souviendrai que s'il y a la fatalité ..il nous reste l'espoir, il suffit de si peu, la place d'un mot et la lumière elle même change...
baisers
marie
Rédigé par : marie | 27 juin 2006 à 20:55