Deville-Chabrolle Journal d'atelier (retrouvé !)

Chaos

Ce fut une journée dense et chaotique, et malgré ce que j'en dis quelquefois ,je les aime aussi.

Je crois que j'aime chaque heure passée à l'atelier quel que soit son contenu, d'ailleurs.

Antonio est venu mouler "L'absolu désir"..Il arrive avec son sourire d'abord qu'il vous offre, et ses cartons, outils, fils, vieux vêtements pour travailler, chansons, et ..sa gentillesse... il arrive avec son univers à lui qu'il installe dans l'atelier...ils avait ramené aussi les plâtres des enfants-lianes...

A peine le temps de boire un thé , qu'il se met au travail sur " l'absolu désir" il décide de faire un creux perdu...de mon côté dans la joie de retrouver mes deux "enfants lianes" avec une logique toute personnelle, je me jette sur l' armature de ma troisième enfant-liane dejà prête, pour la commencer sans délai.

C'est une excellente idée surtout que l'atelier est déjà encombré, de la "nomade, de "L'absolu désir" (en cours de moulage )de ses abattis, un bras coupé,  une main, et les deux pieds qui seront moulés à part, de sacs de plâtres, de gamelles en tout genre pour gâcher le dit plâtre et maintenant de l'enfant liane en cours...

Le moulage se fait , pour moi, la terre monte et Antonio s'avise que la potence de "La nomade n'est pas assez solide, donc vers quatre heure , jérémie va acheter une énorme barre d'acier, et les voila qui découpent tous les fers qui relient la sculpture à la potence, pour en mettre une plus solide.....moi je suis chargée de soutenir  la sculpture de 200 kg pour  qu'elle ne  bascule pas......

200kgs contre 52kg...le combat est inégal mais les garçons font vite.... perchés sur la table levante armés du poste à souder, de masques, de nouvelles ferrailles...entre le bruit de la tronconneuse, des soudures, au premier étage ma soeur répond imperturbablement au téléphone...

Vers six heures, Kiya vient s'ajouter au chaos. Tout à fait à l'aise dans ce chantier, Marie hélène l'occupe à jouer sur l'ordinateur, pendant que les garçons chargent tous les bouts de l'absolu désir dans le camion, ainsi que son corps dans son sarcophage de plâtre...

Epuisés on laisse l'atelier, en l'état .....demain il fera jour.

Pour ceux qui ont des difficultés à déchiffrer ce blog ....

#5 7h29, dans une minute ils vont se souvenir qu'ils sont vivants

Journal d'Atelier Episode #5
7h29, dans une minute ils vont se souvenir qu'ils sont vivants.

 

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Chaud froid

Le dernier thé que l'on boit, seule à l'atelier, les yeux sur le jardin...avant d'avoir le courage de rentrer chez soi.

L'esprit se détache de la sculpture et les idées passent,
souvenirs vagues, questions sorties de... je ne sais où.... le thé  refroidit dans la tasse, l'horloge indifférente égrenne le temps...la pluie glisse sur la vitre.

Se demander s'il existe vraiment des loups dans les Carpates et puis ....finalement .. c'est où... les Carpates...?

Repenser aux dernières phrases du film "kennedy et moi" où J.P Bacry  se demande s' il existe des mouches timides  cinglées, des mouches tristes etc ...etc...

Voir le géranium blanc,sur la table mouillée et se souvenir de cet haïku de Ryôta
          Ils sont sans paroles
l'hôte l'invité
                                                                        et le chrysantème blanc

Se demander pourquoi le silence est souvent perçu pour de l'indifférence, ou comme moyen de dissimulation, ou pire comme du mépris...
Qu'est ce qui agresse les autres dans le silence?

Se dire qu'il pleut depuis trois jours et qu'on a pas encore pu tenir la promesse faite à Kiya d'aller ramasser les noix tombées dans le jardin....

Et puis ...il fait déjà nuit, une demi-heure est passée.....il pleut toujours...sortir du cerle chaud de la lumière, fermer l'atelier... le portail du jardin, frissonner de
froid et songer qu'à la maison il y aura Jérémie et kiya...Kiya dans sa petite robe de chambre rouge à cette heure, avec son odeur de petite fille qui sort juste du bain....

Leur dire en rentrant que je les aime et demander à Kiya de me prendre fort dans ses bras pour me réchauffer.....ah oui !! lui dire que je n'oublie pas pour les noix...et que dès qu'il cessera de pleuvoir ...promis juré.....

Jeux de mains

Deux fragments de sculptures pour lui rêver une vie.

et puis un fragment de vie, de l'atelier aujourd'hui.

La petite main de l'Enfant-liane, et la délicatesse des grandes mains d'Antonio, pour caresser du bout de l'outil, les phalanges d'argile.

Nous avons énormément travaillé, lui sur les belles enfants, et moi sur la sensualité de la mystérieuse sculpture...

C'etait bien de travailler comme ça.

Et si ?

Et si on racontait l'histoire autrement....

Si au lieu de vous montrer chaque jour la progression d'une sculpture, je vous racontais l'histoire en fragments, fragments d'images , fragments de conte...

A la fin je vous la montrerai en entier...

On va essayer ....juste pour voir si ça vous plaît, on le refera de temps en temps....

Rendez vous à la prochaine note pour une histoire de main....

Finies

Je ne sais pas pourquoi mes photos sortent mal comme ça, mais bon....la technique et moi.........

voila elles sont terminées..enfin deux sur trois et tout d'un coup, c'est une grande fatigue qui m'inonde...et j'ai encore plein de travail...mais je suis heureuse d'être déjà arrivée au bout de ces deux là...

Mes deux enfants fragiles , avec leurs secrets de forêt , de limon, de fougères et de pierres ensevelies....je retourne à mon abandonnée d'hier...où alors je rentre à la maison...

Je vais boire un thé....en plus c'est nul, je connais la réponse ...je suis sûre que je vais encore travailler un peu...

L'Incohérence

Je sais que je l'ai abandonnée en cours de route....

En même temps.... ça me ressemble assez....pas d'abandonner les sculptures, mais d'abandonner des choses, des situations, des relations, de me quitter aussi sur le bord du chemin, quand je ne me supporte plus...

Parce qu'il y a des batailles qui ne valent pas la peine qu'on les mènent..Parce qu'on n'a pas l'énergie nécessaire pour aller au bout, ou parce qu'il faudrait expliquer trop de choses aux gens...et que ça ne les éclairerait pas pour autant sur vos incohérences....

D'ailleurs je pense que cette sculpture était partie pour dire tout ça...l'abandon des batailles...

Paraît qu'il a fait beau?

A l'atelier depuis ce matin...

Encore oublié de déjeuner...

Mais l'Enfant-Liane a bien avancé, je pense que demain j'aurai toute la journée pour finir" la robe"et surtout faire toutes les finitions et lisser.

je pourrai aussi les mettre l'une près de l'autre pour commencer à avoir une idée de l'ensemble...sans la troisième hélas.........Alors que l'armature est faite!!!!

Pourquoi est- ce -que les vacances tombent toujours mal?

Avant de partir il faut encore que je la finisse et répare la main d'une autre sculpture....et que j'essaie de finir la grande à genoux, que j'ai complètement abandonnée.

A part ça, je n'ai rien vu de ce weekend, profité de rien, quelquefois je me dis que je suis quand même bizarre..;(même si ça me tue, quand  quelqu'un d'autre  le dit)

Mais, alors que tout l'univers s'offre à moi, et même ne serait-ce que mon jardin bleu.....j'ai passé ma journée complètement absorbée par un morceau de terre d'un mètre vingt cinq de haut, sur vingt et quelques de large comme si ma vie en dépendait....pfffff

A part ça vous? vous avez vécu de la vraie vie?...puisqu'il paraît qu'il a fait beau!!!!!

En réponse au silence

Je suis tendue, fatiguée..J'ai travaillé toute la journée pour si peu de résultats (apparents)....

Je suis décidée à faire mon groupe de trois Enfants-lianes...mais evidement l'ensemble ne prendra de sens que lorsque les trois pièces seront réunies...

En attendant je travaille un peu à l'aveugle pour le groupe en tout cas...Je ne peux pas trop laisser la première découverte il fait trop chaud, alors je déballe, je compare je la remets à l'abri... j'avance sur la seconde et je recommence....

Je dois finir avant mardi parce qu'Antonio vient mouler à l'atelier et que le 15 je pars....pour quelques jours... ailleurs, plus loin... c'est bien sûr à ce moment-là que les idées de sculptures arrivent et vous laissent frustrée de ne pas avoir dix mains.....

Il n'est que 5h mais je vais rentrer... Quelques courses à l'épicerie du coin et je rentre sur mon bateau arrimé dans le jardin bleu...

Tard ce soir, quand l'insomnie aura gagné la guerre , j'écrirai sans doute...en réponse au silence