Deville-Chabrolle Journal d'atelier (retrouvé !)

La parure

                     

                                                                                                      Aujourd'hui j'y étais à l'atelier...j'ai    repris le petit buste que " La petite vertu" avait chassé de la tournette.

j'ai essayé la terre grise d'Antonio, qui peste toujours contre ma terre rouge.....mais je préfère la mienne elle est plus....non, elle est plus rien du tout, mais c'est la mienne c'est tout...
Simplement la couleur m'a donné l'envie quand le bronze sera tiré de lui mettre à une oreille une vraie perle, oblongue, nacrée.
Je vais y réfléchir et faire un essai demain,
je vous montrerai, vous me direz ce que vous en pensez....

pluie dans la paume de la main

                        

                                                                  Fait froid de nouveau, on gèle.....
Quand je rentre, je me fais vite un thé brûlant.

En plus... il pleut, sur les dalles de pierre, les feuilles, abdiquent sous le poids de l'eau.

Hier je n'ai pas été à l'atelier ..une sorte de crise  aiguë de ménage.....Changé les draps de tous les lits, lavé tous les rideaux de la maison, 11 fenêtres= 22rideaux, mangé du chocolat (oui, bon, ça ne fait pas partie de la crise ménagère, mais ça aide!!) et repassé une montagne de linge!!!

Ce soir, derrière ma tasse de thé et mes rideaux tout propres, qui sentent encore le frais
Je regarde le jardin, les coussins mouillés sur l'escalier, les arbres ...
et je me dis que ce soir mes grands arbres ne savent plus donner que du froid et du noir.

trouble

Je ne connais pas son nom.

et dans ce cas précis peu importe...

Elle était là, dans un fragile soleil de février, sur une terrasse...et je trouvais qu'elle était une image de   parfaite sensualité.

Cette couleur tendre, translucide , et la pointe de rose comme une émotion retenue. La chair veloutée, charnue qu'on imagine pleine de vie secrète, de sucs troublants.

Cette chair qu'on a la fois envie de mordre , et  de caresser.
Et ce côté, à la fois, ingénument  ouvert, et clos sur ses mystères

je pense à ce  Haïku   
"La peau des femmes
La peau qu'elles cachent
qu'elle est chaude"

le temps vulnérable

Alors finalement je suis restée à la maison....

En me disant que peut être je ressentirai lundi cette étrange urgence à créer une nouvelle sculpture donc une nouvelle histoire.

Pendant ce temps, des reflets de lumière, d'ombre, la nuit même glissent  sur le ventre lisse et doux de la "Nomade", sur la terre veloutée  des épaules, de la "petite vertu"...

J'aime ce temps où je ne suis pas...

Ce temps qui reste en suspend dans l'atelier, ce temps sans objet... qui ne peut que tourner entre  quatre murs, caresser  la peau sensible des sculptures immobiles .

Un temps qui perd son temps....

Vice et vertu

   Bon ...ben voilà...a part quelques minuscules détails "la petite vertu" est terminée.....

je ne sais absolument pas pourquoi je me suis acharnée ainsi sur cette sculpture, au point de la finir en deux jours....

d'autant que la nuit dernière a été une nuit d'insomnie je n'étais pas très vaillante ce matin pour aller à l'atelier....

enfin je ne cherche plus à comprendre le pourquoi et le comment de mes comportements...toujours est il qu'elle est finie..

Qu'est ce que je vais faire ce week-end????? ...si on me prive de mon vice préféré

                                             

la petite vertu

Je vous écris de mon petit bureau à la maison, bien protégée par un mur de livre....

Ce matin Jérémie est parti avec "à visage nu", ma dernière sculpture...
Il était 10h...

Le temps de boire un thé, de rêvasser un peu...je me suis installée dans mon atelier tout propre et ensoleillé..

J'avais décidé de faire un petit buste.
J'ai donc commencé à modeler un visage, une heure après, le menton dans la main, je la regardais, et lui trouvais un air très sage...un mot m'est venu à l'esprit ..."vertu" et comme elle était petite , je me suis dit que je l'appellerai ...."la petite vertu"....bien sûr le double sens m'a fait sourire...

Ben, j'aurai pas du....parcequ' aussitôt une autre sculpture m'est venu à l'esprit...
et à partir de là...
y'a eu une sorte de trou noir....
et je me suis retrouvée à 6h du soir, avec  face à moi ,
une sculpture  qui n'avait rien à voir avec un buste
50cm de haut, et un drapé.....

Morale de l'histoire: Faut pas laisser une rêveuse seule dans un atelier avec de la terre sous la main!!

ps: Je vous la montrerai demain, Daniel à du me traumatiser , avec sa photo, du coup j'ai oublié mon appareil à la maison....

Injustice fondamentale

Ou l'on voit qu'il y a quand même une injustice fondamentale....
Daniel et moi on a vu la même chose le même soir....

Alors bien sûûûûûûûûr...vous allez me dire que sa photo est plus belle que la mienne, et puis qu'elle est plus nette et tout et tout...
Et je serai d'accord avec vous ..un peu..

Mais d'abord! moi j'avais pas les arbres pour faire plus beau!

Et en plus je suis myope et je trouvai pas mes lunettes!!

Et puis j'avais les mains toutes engourdies par le froid!!

J'en ai entendu un qui disait que j'étais de mauvaise foi! si !je l'ai entendu...Daniel?

Bon à part ça, je peux toujours pas vous répondre!!!mais je vous lis et c'est quand même une consolation..bouh...c'est duuuur!

C'est son nom

C Voila elle a trouvé son nom....
"A visage nu"

Ce soir, elle est soutenue par des étais sous la tête, sous le bras plié...
couverte de plusieurs plastique..pour son premier voyage...

C'est elle qui va chez Antonio, elle est suffisamment stable pour faire le voyage jusqu'à lui...
Moi j'ai déjà fait les rituels pour l'arrivée d'une nouvelle sculpture,
nettoyage de l'atelier, des outils...

Je suis un peu triste ce soir, de son départ,
mais demain commence une autre histoire......

la lune des rêveuses

Ma rêveuse, à qui je n'ai pas encore trouvé de nom, s'est inventé une lune blanche

...rien que pour elle.

Elle attend que ses cheveux se déroulent dans le dos et coulent jusqu'au bas des reins...

Elle attend que je parte le soir, pour rester seule face à sa lune inventée..

Elle aime quand on entend plus dans l'atelier  que le bruit régulier de l'horloge.....

Le parfum des lys blancs

hier soir, quand je suis partie de l'atelier il y avait ça dans le ciel...

Et dans la rue déserte ma petite voiture noire, toute seule...

Et dans la maison vide, le parfum des lys blancs..