"La Danseuse d'Izu" a revêtu ses plus beaux atours pour l'expo des champs Elysées, un gris -vert presque argenté à certains endroits....
Un peu comme "Yoko"mais avec des nuances pour chaque vêtements.
108 cm de sensualité.....
Olivier se surpasse pour les patines en ce moment...
bisous à toi Olivier, et merci.
Voila ce que ça donne quand 
on est complètement accro à son métier...
On se jure un après midi de calme et "volupté" dans son bain...
Et puis finalement, on se retrouve en fin d'après midi, à l'atelier.
On se cale dans sur une chaise, la tasse de thé pas trop loin, on dicute avec Antonio pendant qu'il passe l'élastomère...
bref, la nuit tombe et on y est toujours.
Faudrait que je me f
asse désintoxiquer!!!
Mais quand même voir la "Danseuse d'Izu" sortir de son bain de lait...c'est du bonheur!
Cette fois elle est vraiment finie.
Un dernier souffle d'air, une dernière caresse du vent.....et elle est partie ....
Fin de la danseuse d'Izu.
Quant à moi une fois finis mes rituels de fin de sculptures, nettoyage de la sellette ,des outils, de l'atelier...
Finie aussi
Plus de force, plus de désir de sculpture, j'ai pris ma voiture et je suis rentrée à la maison, se faire un thé, lire, dormir...
Jérémie me prépare une nouvelle armature, demain commence un autre voyage sur le Thème du temps....
Longue, longue , longue journée.
Debout, les pieds gelés ( Elle ne supporte toujours pas la chaleur pffff ) finir la "Danseuse d'Izu".
Des milliers de détails, les motifs à poursuivre sous les manches , dans les plis...des milliers d'infimes finitions pour que chaque plis soit net dessus , dessous, au fond des replis, les oreilles , enfin ....finir par la coiffure le peigne dans les cheveux.
Enfin le dernier thé quand tout le monde à déserté l'atelier, pour se réchauffer, réfléchir et se dire que demain il ne restera plus que les mains et Antonio pourra prendre le relais....puis Olivier à la fonderie...
On verra ensemble pour la patine ..c'est pas gagné...je voudrais une nouvelle patine j'imagine un vert céladon...on verra....
Enfin Olivier si tu lis le "Journal d'atelier" ce soir ou demain
commence à réfléchir.....encore qu'on soit encore loin de premier tirage..
J'ai eu des nouvelles d'Antonio ce soir, il finit de peaufiner le plâtre de la "La nomade"...
Et puis comme tous les soirs, fermer l'atelier, traverser le jardin gelé, prendre la voiture dans le noir..5 minutes de route et le portail...le jardin bleu...la maison .
La maison comme une , qui reviendrait de voyage parce qu'avec la danseuse l'esprit était parti loin..le temps n'avait pas compté .....
On était encore une fois ailleurs..
Quand je l'ai regardée sous cet angle, je me suis dit que j'avais sculpté le vent.
Finalement on ne sait pas toujours ce que l'on sculpte , on croit sculpter une manche, plus largement du tissu...et puis finalement non.
C'est ni l'un ni l'autre c'est le vent d'hiver.
ou le frisson de la peau, sur l'épaule nue.
Ou encore le froid qui vitrifie tout, l'air , le paysage, les sentiments quelquefois.
Peut être si je l'avais sculptée la seconde d'après elle aurait tourné son visage vers moi, et j'aurai alors cru saisir l'expression de son visage et c'est la tristesse que j'aurai sculptée ....ou la mélancolie.... comment savoir?
Comment savoir ?
J'ai décidé à l'instant même d'ouvrir un livre au hasard...
La première prase était
"J'ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies,"
Arthur Rimbaud
"Le Bateau Ivre"
J'ai ma réponse
16h.
Crampes dans les mains.
Signe qu'il faut arrêter.
Depuis ce matin je travaille sur le drapé, côté dos de la demoiselle.
En plus j'ai froid aux pieds.
J'ai éteint le chauffage la danseuse supporte mal la chaleur.
Et j'ai mal au coeur...oublié le déjeuner de midi.
On est entre Noël et jour de l'an.
Personne à l'atelier.
Juste la danseuse , moi, et mes pieds gelés.
Et pourtant si je vous disais que le bonheur est là.
Que je suis enfin en paix avec moi-même.
Là dans ce silence, dans ce travail minutieux des plis et replis .
Quelquefois je reste assise, face à elle , avec ma tasse de thé, ou avec rien, je regarde chaque plis, puis l'ensemble, je prend note mentalement des détails qu'il faudra corriger, je reviens aux plis....à l'ensemble...
Sans doute que le temps passe..mais ailleurs , derrière les fenêtres sans doute, si j'en avais l'envie, je pourrais regarder savoir très précisément si c'est le jour ou la nuit, si les branches du saule bougent , si la rivière coule toujours...
Je pourrais
Si j'avais envie
Mais qui sait si le monde existe toujours, si on ferme les yeux?
Hier matin je suis allée à l'atelier peaufiner un peu les détails et les reproduire sur le dos des manches et des kimonos.
Pour une fois j'avais un apprenti sculpteur avec moi à l'atelier.
Kiya avait décidé de faire de la sculpture...j'ai déjà deux oeuvres de l'artiste, un chat-soleil et un oiseau.. Cette fois-ci elle avait décidé de faire un Jardin.
C'était rien, juste deux heures avec mon petit bout, assise à sa tournette et qui chantait à tue-tête "pirouette cacahouette" tout en restant très concentrée sur son jardin.
Moi je n'ai pas beaucoup avancé bien sûr, mais pas parce qu'elle me dérangeait.... parce qu'un petit éclat de bonheur était tombé là, dans mon atelier... et que même le silence était tout éberlué d'être bousculé par les pirouettes d'une cacahouette.
Elle n'est pas finie, mais je ne doute pas que votre imagination
pallie au manque.
J'ai tant reçu de vous que je voulais vous offrir la Danseuse
d'Izu .
L'offrir à tous ceux , qui, promeneurs du soir de Noël s'arrêteront un moment ici....sur cette terre tranquille.
Je vous embrasse
Marie
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