Deville-Chabrolle Journal d'atelier (retrouvé !)

à pierre B

De la deuxième je ne dirai preque rien parce que c'est un Monsieur que je ne connais pas , jamais vu de ma vie, et qui en commandant un livre m'a envoyé une lettre ...il s'appelle Pierre B. lui se reconnaitra et s'est suffisant.....

je voulais lui dédier cette note parce que lui m'a fait pleurer, ce soir...

Sa lettre commence par ...."Un minimum de politesse voudrait que je commence ma lettre par "Madame"....je ne peux pas.... et elle finit par .......j'ai le coeur à l'envers"... voila c'était cinq heure j'étais restée à la maison ...ben oui malade comme tout le monde, et là je revenais de chez le médecin..... sous la pluie, froid, mal à la tête, mal à la gorge, ma soeur est passée en disant:" Tiens il faudrait que tu dédicaces un livre, le monsieur a joint une lettre à sa commande" et elle se sauve...

Alors je m'assois dans la cuisine , le temps que l'eau du thé soit chaude, et je lis la lettre...

alors cher Pierre, la politesse voudrait que je n'écrive pas cette note, mais l'autre.... la politesse du coeur , me fait vous avouer que j'ai lu votre lettre, puis je l'ai posée sur la table et que toute seule comme une idiote dans ma cuisine je me suis mise à pleurer, d'émotion, de tendresse de je ne sais pas quoi..... qui fait qu'une journée grise tout d'un coup se déchire comme un papier de soie et que derrière c'est plus pareil...c'est plus beau.

La preuve en miettes de l'existence de Dieu

Je suistrès partagée ce soir, j'aurai deux histoires à vous raconter, c'est très personnel , mais moi entendre des histoires comme celles ci, ça me redonne de l'amour pour la vie, pour les gens....

Alors au cas ou vous ayez passé une de ces journées après lesquelles on a envie de se pendre, lisez ceci peut être que.........

La première fois que je l'ai vu, c'est dans le jardin de l'atelier, un vieux monsieur.

En un, il y a ses yeux bleus.... liquides

En un, il y a ses yeux et son sourire tout intimidé ...

en un, il y a ses yeux, son sourire et ses premiers mots  :"ma femme est amoureuse...."

bien sûr ça fait drôle, mais moi j'adore... ce silence flottant après.. l'envie de sourire de rire réciproque , la tendresse immédiate...bon après c'est comme souvent ,sa femme aimait une sculpture de moi vue il y a longtemps, ils habitent le village à coté, ils voudraient une dédicace on boit un thé, on parle,je leur offre un livre, ils visitent l'atelier et puis voilà....mais quelques jours plus tard il repasse en vélo devant l'atelier, et s'arrête juste pour me remettre une enveloppe  et s'en va très vite.

J'ouvre, dedans il y a la photo d'une femme en terre cuite assez ancienne et ces quelques mots....."A Margaux, Coralie, Jade, Gaia mes très chères soeurs

Pauvres humains qui nous croient de terre, de pierre ou de bronze!

Ne sommes- nous pas leur vie cachée ou révélée, leurs amours épanouies ou enfuies, leurs désirs,vains espoirs ou colère d'un jour? Prétendant nous donner la vie quand nous sommes la leur, mortels quand nous sommes éternels défiant le temps et les tempêtes.

Nous sommes riches de vos sentiments, de vos pensées les plus secrètes, de cette inlassable course après des désirs informulés, nous portons avec majesté vos peines et vos douleurs. Ce sont vos larmes à la glaise mélangées qui nous façonnent, vos sourires qui nous éclairent, vos mains qui nous caressent....."

Tout ça dans cette jolie écriture calligraphiée , élégante, des anciens petits garçons qui à l' école avaient encore des cours d'Ecriture (avec porte plume et encre violette dans les encrier en faience blanche.)

Voila c'est tout , mais je l'imagine un soir pensant à la lettre qu'il allait écrire, et puis faisant un brouillon, (si...je suis sûre qu'il en a fait un) et puis recopiant "au propre" puis, cherchant sa photo ou la faisant qui sait ...et retrouvant aussi un poème d'André Chénier qu'il a ajouté dans l'enveloppe.

Vous imaginez , tout ce temps, tout cet amour tout ça dans une envelopppe ..... alors je me dis que s'il est capable  de ça je sais qu'il ne m'en voudra pas de le partager avec vous....

des histoires comme celles ci il en arrive tous les jours , c'est" la preuve en miettes de l'existence de dieu"

(ce titre là n'est pas de moi , je ne suis pas sûre de l'auteur je dirai peut être C Bobin, ça lui ressemble tellement...cette beauté là dans les mots"

Les enfants pâles

Je lui avais écrit : " nous sommes tous de grands brûlés qu"il faudrait traiter avec d'infinies précautions, mais on l'oublie tout le temps. Alors les gens jettent les mots à la volée, sans savoir, et leurs mots c'est comme s'il jetaient des cailloux au visage d' enfants trop pâles , ces enfants là ne pleurent même plus....

J'habite chez mes livres

Enième tentative ce matin, de nous accorder mes livres et moi, sur un partage possible du territoire.

Pour l'instant c'est moi qui vit chez eux.

La main de l'ange

L'ange qui a fait cela pour moi, je l'ai connu quand il n'était encore qu'un duvet d'ange dans un berceau. il avait quelques jours à peine et moi , pour lui, je revenais du Cambodge dans un avion qui n'en finissait pas d'arriver...

Et puis on a grandi tous les deux. Je le portais dans mes bras... le temps de quelques étés sous le grand tilleul, il m'est arrivé à la taille, maintenant il me dépasse d'une épaule....la vie quoi..

Un jour que je m'étais perdue, là ou même moi, je ne pouvais plus me retrouver. Il m'a écrit une lettre.

A moi qui me sentais moins que cendre, il disait que j'étais lumière. Et là ou j'étais,croyez moi, les gens avaient perdu jusqu'au souvenir de la lumière. Jamais plus je n'ai évoqué cette lettre avec lui, trop de tendresse;

Pour Noel il a récupéré une petite main que j'avais faite et il l'a réparée et reciselée.

C' est le genre de choses que font les anges, c'est à ça que vous les reconnaissez...

Un soleil en patins roses

Regardez bien cette petite fille là.

Regardez la bien parce qu'elleà l'air d'une petite fille comme les autres mais , il n'en est rien  . Quand kiya entre en riant dans ma maison, c'est mille oiseaux qui s'engouffrent avec elle et le plafond devient un ciel immense tout bruissant d'ailes.

Quand elle patine dans ma maison, le vent du nord transforme le salon en un gigantesque lac gelé, et rien n'arrête cette petite fille-la, ni les loups gris, ni les ours noirs ni...les tigres blancs, kiya  vole sur la glace, l'air vole en éclats... elle, c'est un soleil de trois ans et elle éclaire le monde.

Et si quelqu'un me dit qu'il n'a jamais vu un soleil de trois ans qui glisse sur un lac gelé avec des patins roses Barbie.....

hé bien...j'ai juste beaucoup de compassion pour lui!!!!