Claire est revenue faire des photos,
Je ne sais rien des gens, tant que je ne les ai pas vus, entendus, "disponibles et à certaines heures pâles de la nuit" comme dit Léo Ferré .
A ces heures-là, Claire m’est apparue comme quelqu’un en qui la vie était plantée comme une écharde. Ou, comme si elle-même, était une écharde dans la peau de la vie.
A notre première rencontre elle n’était pas là. Nous ne nous connaissions pas, nous ignorions même l’existence de l’une et de l’autre.
Et pourtant jamais rencontre ne fut plus évidente et forte.
J’étais chez Flo, ma meilleure amie.
Il y avait une photo en noir et blanc. "L’objet" c’était son titre.
Cette image là, restera pour toujours l’image associée au visage de Claire. En un regard, en une image….
J’avais été débusquée au plus intime, à l’un des centres névralgiques de mes angoisses. Touchée en plein cœur.
Une seule image, là ou il m’aurait fallu des pages et des pages incertaines et douloureuses pour le dire.
J’ai acheté la
photo, et j’ai su d’instinct que c’était ce "regard-là", cette "sensibilité-là" qui saurait, non seulement pénétrer l’âme des sculptures, mais qui saurait
même, en extra- lucide qu’elle est, me les rendre avec quelque chose en plus.
Le
plus, étant peut- être, l’absolue pureté de son regard.
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