Voici celle qui était enfouie dans la terre. Celle que j'ai arrachée de l'ombre où elle dormait.
C'est peut-être pour cela qu'elles ont toujours l'air un peu triste...
Voici aussi, probablement celle qui dormait au fond de moi.
Finalement tous les artistes cherchent au fond d'eux-même, les matériaux qu'ils vont montrer aux autres.C'est toujours le même voyage, plein d'incertitudes, durant lequel rien n'est jamais donné immédiatement.
Cet effort consiste à trouver les matériaux, puis à chercher la meilleure forme, pour les donner aux autres.
Sauf que ... ça fait drôlement peur de le donner aux autres !
Nous avons *presque* bouclé le montage du film tourné dans ton atelier ces derniers mois.
J'ai revisionné toutes les images, écouté toutes les interviews, coupé, déplacé, redéplacé des kms de rushes... le tout pour essayer de retranscrire fidèlement ce qui se passe là-bas au coeur même de cette création dont tu nous parles tous les jours.
Gildas, le monteur de Section 5, se moque un peu de moi quand je lui demande "euh... je peux juste le voir là maintenant, je voudrais vérifier un truc..."
Dans le fond, il a raison de se moquer , parce qu'à ce stade, je pense que je connais le moindre des plans de ce film par coeur, que chacune de tes respirations m'est familière.
Demain, ultime étape, le mixage.
Quoiqu'il arrive ... après ça ... ça sera fini.
Et comme tu dis, alors.... il faudra bien le donner aux autres.
D'abord à toi, à Marie-Hélène, aux autres membres de la Ruche.
ça déjà ...
Si vous ne m'avez pas désintégrée sur place, on le mettra ensuite sur un DVD, on le diffusera à l'expo et ...
Dis-moi, c'est quand qu'on a moins peur ?
Je retourne me mettre sous oxygène jusqu'à demain matin.
Bises
flo
Rédigé par : Flo | 27 mai 2005 à 19:39
C'est jamais qu'on a moins peur.
Mais, on est juste pour quelques temps apaisée, par le regard des autres.
Quand ce regard dit, merci d'avoir fait ça pour moi.
Merci d'être ce que tu es.
J'ai juste besoin que tu restes mon amie et qu'on arrive toujours à s'enthousiamer ensemble pour n'importe quel projet, n'importe quel rêve, n'importe quel voyage improbable..
plein plein plein de bises
Marie
Rédigé par : Marie | 27 mai 2005 à 20:04
Liebe Marie,
Sortir de l'ombre. Y aurait-il une tristesse à sortir de l'ombre et naître au jour?
Préférer ne pas prendre forme et rester dans le pur possible, dans la puissance d'un devenir sans forme ...
Prendre forme serait peut-être la douleur d'exister.
Dans la solitude, la richesse, la lutte, exister serait un don à soi-même, l'auto acceptation de ce que nous sommes ...
Amicalement,
Alain
Rédigé par : Alain | 29 mai 2005 à 11:44
Cher Alain
Je suis heureuse de vous retrouver sur ces notes,
comme souvent vous avez détecté la faille, la fissure intime. Oui il y a de la tristesse, a sortir de l'ombre, à naître.
Si exister est un don à soi-même, (la formule est belle), alors comment faire ce don à ce soi-même qu'on à tant de mal à aimer,pire même tant de mal faire exister, quand à l'acceptation de soi .....
Quoi qu'il en soit il ne se passe pas un jour sans que j'aille vous rendre visite, parce que vous êtes toujours où je ne vous attends pas, toujours à une distance différente soit très proche, soit très... "ailleurs" dans un de vos territoires très éloigné.
merci, je vous embrasse
Marie
Rédigé par : marie | 29 mai 2005 à 15:53