Le commentaire de Valérie sur "Contrainte par corps", m'a fait réfléchir sur mes rapports à l'écriture. On ne peut jamais vraiment expliquer de quel magma, en nous, sortent images ou mots.
Pour le cas précis, je peux lui dire le déroulement du processus, mais guère plus.
Pendant une pause dans le travail, je regardais les deux profils de cette sculpture et ces mots me sont venus à l'esprit: "Contrainte par corps".
Pas plus. Et ceci m'a entraînée sur une réflexion sur le triptyque.
Pas plus.
Quand je suis revenue écrire le soir chez moi, bien sûr, ce sont ces mots-là qui sont revenus, et j'ai commencé me demander pourquoi, ceux-là et pas d'autres, d'où la note que j'ai écrite, au fil de la plume, si j'ose dire.
D'une manière plus générale sur ma manière d'écrire, juste une seule règle: pas de mots compliqués.
Je les adore pourtant, comme des bijoux rares et précieux. Je suis même une collectionneuse.
Mais quand je veux partager avec d'autres, ils peuvent sembler pédants, voire même encombrants.
Je ne veux parler que du ressenti, je ne m'adresse à la raison et à l'intelligence des autres que par le biais de l'émotionnel, parce que c'est mon alphabet réel à moi, celui dans lequel je me sens le plus à même de coller au plus près de ce que je cherche à exprimer.
Et de le faire partager et puis..... tout simplement je ne sais pas faire autrement.
Alors bien sûr, dire, "dans les plis de la peau et les contractions des muscles il y a des mots", ça ne veut pas dire grand chose, du point de vue de la raison, voire même de l'expression, mais pourtant je pense que tout le monde comprend par l'image.
Tout le monde a dans son ressenti, "éprouvé, " qu'un corps soumis à une contrainte dit sa souffrance, ses maux....
Euh.. en revanche, je ne suis pas sûre que quand je me mets à vouloir expliquer comme ici, je sois très claire...
C'est l'ironie de la chose...
MERCI POUR VOS NOTES ,VOS MOTS,VOS IMAGES ET VOTRE TRAVAIL. JE ME REGALE
claude
Rédigé par : claude | 11 mai 2005 à 11:06
Bonjour,
La "Contrainte par corps" est un corps de mots qui croise l'exécution forcée d'une dette lorsqu'il y a infraction.
L'infraction est une décision primordiale du mouvement créatif. Face au choeur du bon sens, c'est un acte essentiellement solitaire qui renouvelle l'endettement infini qui est le mouvement même de la vie. En un sens, la vie n'a pas de sens. Vouloir y donner un sens est une croyance religieuse très ancienne qui a la vie dure.
Il y a le corps des mots, le corps fabriqué par les mots - et c'est là une autre histoire, l'histoire de notre emprisonnement. Notre condition culturelle c'est la prison. Le mot tue la chose, le concept nous sépare de la chose (le travail poètique de Yves Bonnefoy a justement commencé par un poème intitulé "Anti-Platon"). La langue est fasciste disait mon ami Roland Barthes. Certains pensent que c'est exagéré mais la pensée est juste.
Je ne sais pas si votre sculpture peut dire la prison du corps des mots mais vous suggérez cette idée importante: il y a au moins deux corps, le réel organique du corps et le corps symbolique qui le tient et le contient pour donner une forme humaine à la monstruosité du sans forme. Ce corps symbolique serait la beauté - que l'on qualifie parfois d'intérieure. L'imaginaire du corps serait ce que l'on peut en voir. C'est là un nouage -entre Réel, Symbolique et Imaginaire - qui constitue le mouvement créatif de la vie.
Amicalement vôtre.
AHR G.B.de M.
Rédigé par : Alain Henri R. Gangneux Bourgoin De Montbazon | 11 mai 2005 à 17:38
Merci Marie pour vos explications très très claires ... si, si je vous assure !
"ressenti", "intelligence" "émotionnel",
"faire partager" ... (je comprends tout ça)
Dans les plis de la peau et les contractions des muscles il y a des mots ... Et vos mots débordent de générosité.
Merci Marie...
*Valérie*
Rédigé par : Valérie | 11 mai 2005 à 23:11
Pour toi qui collectionne les mots...
Un blog avec un mot par jourici.Une sorte d'Alain Rey du web....
Rédigé par : Flo | 13 mai 2005 à 17:08