Deville-Chabrolle Journal d'atelier (retrouvé !)

Pleins et déliés

L'atelier se vide mais le couloir se remplit, sous ces papiers protecteurs, toutes les sanguines terminées et encollées sur des châssis, j'en ai encore le double à faire,ensuite je débarrasse tout mon atelier du matériel de dessin et je les reprends une par une pour la peinture.

Bon, certes ce n'est pas fini mais on avance...

Pour briser un peu le rythme épuisant du travail je glisse de temps en temps une sanguine qui m'a été demandée par une amie depuis six mois, ou un portrait de ma kiya, qui en dehors de l'angelot que vous avez pu voir, lors de son anniversaire, sait très bien aussi exprimer d'autres sentiments...
Quand elle a ce visage là, on l'appelle Lily la tigresse......no comments...

La vie douce

                                   Mes sculptures sont sous les mains, attentives et protectrices de Serge et Jérémie, dans leur atelier c'est le grand calme, cet après midi. Ce matin Jérémie et moi avons remodelé le coup de "la veilleuse" pendant que Serge finissait une petite pièce...

puis j'ai réquisitionné serge pour m'aider à maroufler les sanguines sur les chassis..... et fini la sanguine d'hier, le dos,les chassis à peindre s'accumulent dans l'atelier, quand tout sera prêt, je pourrai me mettre à la peinture et ne plus faire que ça .....

l'exposition pour moi touchera à sa fin , la suite sera déjà une autre histoire....une histoire qui ne m'appartiendra plus tout à fait

Seulement après, je m'autoriserai à songer à l'expo de Lyon, au Portugal et aux autres projets qui se profilent.....

L'attente

J'avance dans mon nouveau projet, ce matin je n'ai pu faire que deux collages sur châssis, parce que ...rendez vous avec mon notaire et aide à la fabrication d'une caisse pour une expédition à l'étranger.....

C'est comme ça, de temps en temps la vie de tout les jours vient zébrer d'ennui, la vie à l'atelier...

Mais dans ma tête ça avance pour de vrai, et c'est l'essentiel . Je ne vous montre que des petits bouts pour conserver le mystère et la surprise de la découverte...

Pour préserver le plaisir de l'attente, c'est comme de l'amour pour vous...

Paroles d'ange

Voilà le début de l'idée qui avait commencé à germer pendant le dîner chez le magicien.

Où comment les sculptures vont finir par rejoindre les peintures....bien sûr ceci ne sera que la base d'un nouveau travail...

Je finis par admettre que l'accouchement d'une nouvelle idée, commence toujours, chez moi, par une sorte d'enfermement, d'enroulement sur moi-même, d'absence au monde...et quand elle est à terme, c'est de nouveau le désir impérieux de créer, maintenant , tout de suite....

Je ne souhaiterai pas à mon pire ennemi de vivre avec moi.....

Journée dense

La journée a commencé par la mise en liberté des dessins sous presse. Juste un qu'il faudra revoir.

Aussi Jérémie et moi avons commencé une nouvelle série de collages sur  chasssis, avec une autre colle, qui pose moins de problèmes....

C'est un travail qui demande beaucoup d'attention, de concentation , de préparation...aussi la pause thé s'est imposée au milieu des collages....

Monsieur Renault est arrivé en plein milieu du marouflage, pour nous ramener la Céphalophore que nous attendions avec impatience...
Du grand travail de pro, nous avons regardé tous les détail la corde est magnifiquement reproduite. La petite tête à l'intérieur de la grande est parfaite, les garçons n'auront vraiment qu'à poncer la partie "peau"....pour lui redonner toute sa douceur....

Une semaine de travail tout au plus avant qu'elle ne reparte pour être remoulée en élastomère après corrections...
Reste à trouver un mouleur ouvert en Aôut....
Nous cherchons de plus en plus sérieusement à embaucher, un mouleur professionnel...qui travaillerait sur place avec nous.
Alors si quelqu'un en connait un, ou si un mouleur lit cette note...c'est sérieux...

Enfin cet après midi, j'ai terminé la nouvelle tête de ma pauvre "veilleuse d'âmes", qui avait vraiment souffert, essais sur le corps en plâtre, mise au point de l'attitude des raccords, c'est bon...
Jérémie pourra la mouler Lundi.

Officiel

C'est officiel, les Galeries Bartoux, (ce sont pour eux que je prépare l'expo dont je vous parle depuis des mois) ont enfin trouvé leur galerie aux Etats Unis, nous avons reçu la lettre officielle ce matin.

C'est une belle galerie de 240m2, en Floride dans Worth Avenue à Palm Beach.

Voilà l'avantage d'avoir des galeristes qui bougent et qui sont à la fois sérieux et audacieux . Ils demandent beaucoup à leurs artistes, mais nous donnent aussi beaucoup en échange.

Chapeau bas à Robert et jean Guy....et bisous aussi, mais ça c'est plus personnel

Collage

Ce matin, j'ai pris ma fatigue sur le dos et retour à l'atelier, nous avons testé la colle de peau de lapin, sur mon papier.

Stress maximum, car mon papier n'est pas un papier industriel mais un papier à l'ancienne, ce qui fait à la fois sa  beauté et ses tyrannies. Epaisseurs variables, bord frangés, irrégularité et....très très suceptible quant à la colle. Il se met à gondoler, se détendre ,bref à nous donner tous les soucis du monde.

Aux commandes Serge et moi:  Encollage du chassis et  du papier, séchage, deuxième couche d'encollage chassis et papier et après il faut se débrouiller avec un papier tout mou, tout déformé, l'appliquer sur le chassis tout en chassant sans pitié la plus petite bulle d'air et mettre sous presse. En l'occurence des pains de terre de 15kg chacun après il faut.....prier et attendre jusqu'au lendemain pour enlever les poids  et espérer que le papier soit bien tendu, qu'il adhère uniformémént, qu'i n'y soit pas resté une bulle, de manière à ne pas avoir de problème au moment de le remouiller pour peindre les fonds.......et j'allais oublier surtout surtout que le dessin n'ai pas pris une salissure quelconque.

Là, en sortant de l'atelier, nous en sommes à la phase prière...

Au secours

Pendant que Jérémie et moi étions au travail de sculpture , Serge lui préparait les châssis, trois couches d'apprêt, et ponçage fin entre chaque, non je n'ai pas peur, non je ne suis pas angoissée, non je ne suis pas découragée devant tout le travail qui reste à faire, "Je suis terrifiée"....

Et pendant ce temps que croyez vous que Marie Hélène et Justine fassent ...elle préparent pour Octobre l' envoie de sculptures pour l'ouverture de la nouvelle galerie des Etats Unis...en Octobre

Zen ....on m'a dit de prendre du recul

Visite

Visite d'atelier, aujourd'hui, des gens charmants et puisqu'ils lisent le "journal d'atelier", j'en profite pour les remercier encore de ce petit cadeau, des cartes postales anciennes de Meknès, la ville où je suis née.

De la ville même, je ne garde que peu de souvenirs puisque nous nous habitions un minuscule village à une trentaine de kilomètres qui se nommait à l'époque Petit-Jean, puis a été rebaptisé Sidi Kacem.

Mais de ma petite enfance au maroc je garde des souvenirs d'odeurs, de la cuisine peinte en vert pâle  qui prenait des allures d'aquarium à travers les volets fermés, et du délice de marcher pieds nus sur le carrelage frais; de la sieste obligatoire surtout les jours de Chergui, ce vent chaud qui venait du sahara,  des grandes bassines en fer blanc que mes parents remplissaient d'eau en guise de piscine,  et du figuier dans le jardin......

De mille autres détails ou sensations encore....l'enfance aux couleurs un peu passées....Merci, pour ce cadeau sans prix

Sous le papier

Dimanche, dans le grand atelier, j'ai laissé le volet de la baie vitrée baissé.

J'ai laissé dehors le soleil et la chaleur,la lumière diffusée par un rectangle vitré tout en haut était suffisante .

Dans le silence, juste le petit bruit du crayon grattant pendant des heures le papier, et de temps en temps le gros crayon de pastel blanc qui écrase un point de lumière ici ou là, qui souligne l'existence fictive d'un éclairage sur un nez, un doigt, une épaule.

Et ce minuscule miracle s'accomplissait chaque fois, à l'intérieur de la surface délimitée par un simple trait, les ombres et les lumières jouant ensemble faisaient surgir l'arrondi d'une joue, la pulpe d'une bouche, et l'ombre secrète des cils. Et les quatre visages, (dont on ne voit que les trois premiers ici) se struturaient, sortaient de l'emprise du papier et commençaient une vie propre.

Et le travail est à peine commencé, pas encore assez de contraste, le troisième est à peine ébauché, mais déjà , c'est comme si on avait soulevé un coin du papier pour découvrir une vie dessous.....