Depuis plus de cent ans que ma maison existe, je ne sais combien de fois ces marches ont servi de passerelle entre le lourd vaisseau blanc et l'ocean vert sur lequel il est ancré.
Combien de passagers sont passés par là, je l'ignore.
Combien ont su qu'ils étaient des marins, encore moins.
Mais personne j'en suis sûre n'a aimé cette passerelle autant que moi.
Beaucoup ont pensé que ce n'était qu'un escalier. Un lieu de passage....Pas du tout.
Il faut; le soir, très tard,très très tard, être resté des heures entières à regarder la nuit d'été , avoir bu des centaines de milliards de tasses de thé, avoir refait le monde, écouté Casta Diva dans le noir, eu des rendez vous secrets au téléphone à minuit, pleuré avec sa meilleure amie, regardé le ciel et vu des étoiles mourir, avoir chaque nuit ,au moins une fois, pensé que de là-haut ...sa mère ou son père..., avoir bercé une petite fille en lui caressant la joue, vu une pluie de bulles tomber sur les pierres, avoir décidé que le cinquième point cardinal existait, mais que quoiqu'il en soit ;soi-même on existait pour personne même pas pour soi, avoir dit "Bon, si c'est ça t'as qu'à partir!" et fait celle qu'a même pas mal, avoir serré sa fille dans ses bras, avoir eu le coeur en miette en regardant s'éloigner son fils, avoir pensé qu'à force de rester là sans bouger on deviendrait peut être invisible......enfin.... il faut avoir fait tout cela et une multitude d'autres choses ici précisément et la nuit bien entendu.....pour savoir à quel point cet endoit, n'est pas un escalier....
Bonjour Marie
l'escalier: passage, lieu où l'on ne s'arrête pas, tansition entre deux états ... on les monte pendant l'enfance, on les descend après, "impermanence" ... les "basculants escaliers" bouleverseront toujours notre ordre établi choses. Et peut être aussi pour rejoindre ton image de bateau, une ECLUSE, une écluse pour franchir le temps, passer de l'AUTRE côté...
Rédigé par : sven | 26 juillet 2006 à 08:37
j'ai le coeur tout serré quand t'écris des choses comme ça...
Rédigé par : cali | 26 juillet 2006 à 13:17
à Sven
On ne s'arrête peut être pas assez dans les lieux de passage...le temps n'est pas comme quelque chose qui passe , c'est comme un océan on peut aller à différentes profondeurs,je crois qu'on est terriblement libres...
baisers
marie
0 Cali
Ma cali , sache que j'ai le coeur tout serré aussi quand je les écris
je t'embrasse fort
Marie
Rédigé par : marie | 26 juillet 2006 à 17:28
Les belles passerelles entre notre dedans et le dehors, ces endroits hors du temps et de l'espace où tout peut exister, où tout peut être dit.
Ce sont souvent des endroits qui donnent sur l'extérieur (escaliers, balcons...), comme si on avait besoin de se sentir faisant partie de l'univers. Sinon ça servirait à quoi tout ça?
Rédigé par : Delphine | 27 juillet 2006 à 00:45
Bonjour Marie!
C'est bien d'avoir un vaisseau blanc pour naviguer très loin,infiniment loin,et revenir très vite,comme une lumière...Les lieux sont riches de nous.Les maisons...mais qui saura jamais leurs secrets,tant et tant de battements de coeur,d'âmes qui s'effleurent,qui murmurent et qui trésaillent...Ca me fait penser à une jolie réflexion de Christian Bobin "Les maisons sont comme les gens,elles ont leur âge,leurs fatigues,leurs folies.Ou plutôt non:ce sont les gens qui sont comme les maisons,avec leur cave,leur grenier,leurs murs et,parfois'de si claires fenêtres donnant sur de si beaux jardins."Et il ya aussi,parfois,quelques marches pour "passer",pour "rentrer" ,pour "sortir",et c'est là l'essentiel,des petits ponts,fragiles ou solides,pour vivre...avec soi même,et les autres...Bonne journée à vous Marie,je vous embrasse,Fabienne.
Rédigé par : fabienne | 27 juillet 2006 à 11:11
à Delphine
ça c'est toujours la question qui tue, celle qui vient de preferrence la nuit,et vous garantie une de nos belles insomnies...ça sert à quoi tout ça...ce que je fais , ce que je dis, ce que je ressens.....
bisou quand même
Marie
à Fabienne
Moi aussi j'aime particulièrement Christian Bobin pour la lumière douce dans ses livres.
je t'embrasse Fabienne
Marie
Rédigé par : marie | 27 juillet 2006 à 17:58