Deville-Chabrolle Journal d'atelier (retrouvé !)

Lassitude

Le trio est terminé, je n'ai pas voulu commencer le travail des tissus.

Il me faut pour cela de la solitude, du calme et de la concentration.

J'ai essayé sur le "pèlerin" une nouvelle technique, afin, qu'hormis la forme générale du tissus, les plis, craquèlements, et autres accidents de la terre soient travaillés d'une autre manière.

J'ai donc réservé mon week- end pour cela. Quand l'atelier sera vide.

J'ai  commencé le modelage de celui qui pour le moment s'appelle "l'imprécateur" (je sais que je ne garderai pas ce titre, car ce n'est pas exactement le sentiment que je veux traduire)

Enfin je l'ai commencé... et puis à deux heures brusquement, devant l'ampleur de la tâche

un énorme découragement, comme il m'en arrive quelquefois.

L'impression que je n'arriverai jamais au bout de ce travail.

Pas celui ci précisément, ce travail sans fin qui consiste à faire sortir de soi des images

qui sont des morceaux de soi, de ce que l'on ressent.

 

Les questions qu'il ne faudrait jamais se poser: "A quoi bon? et qui ça intéresse mes sentiments?"

quelquefois même plus moi...

Je suis fatiguée...

Présences

Ils sont là tout autour...

Ces autres moi-même. Certains se précisent, sous le lent travail de tous les jours. S'ordonnent, se coordonnent sous mes doigts et dans ma tête.
Une silhouette encore vague, s'avance, je le connais déjà, ce sera une sorte d'imprécateur. Un qui demande des comptes au ciel.
Le dernier, lui, regarde de loin la rivière qui passe au bas du jardin.
Tous, autant de facettes de ce que je suis. Tant pis ou tant mieux, c'est selon.

Organisation militaire

Une patrouille mobile, Jérémie et Marie-Hélène à Paris.

Objectifs :
> rapporter une partie des hommes de la "Nef des fous" dont Monsieur Renault, le mouleur, avait fait les "creux perdus"*

> lui apporter la terre du "Pèlerin"

> Et passer à la fonderie, pour faire rectifier le premier essai couleur de "l'observateur" qui ne convenait pas.

Une patrouille fixe au QG:  Serge et moi.

Lui au plâtre d'un buste d'homme, sans titre pour le moment

Et moi sur une nouvelle oeuvre, trois hommes en position foetale, commencée ce week- end.

 

Et Justine seule aux commandes du bureau.

 

Vers 5h, tous autour d'un thé ou d'un café, pour le compte rendu, l'ultime pause.

Il y a aussi des jours comme celui-là.......

Secret d'argile

Ce matin, grande sérénité

Seuls Jérémie et moi dans l'atelier,

moi sur le "pèlerin", lui à coté sur un buste en plâtre.

Silence et concentration

Soleil très doux, atelier ouvert sur le jardin.

Mon "pèlerin"sensible à toute l'attention que je lui portais

a enfin décidé de se laisser habiller......

Mauvaise journée

Je cherche et je ne trouve pas, techniquement comment arriver à ce résultat.

J'ai fait 6 ou 7 essais différents, rien de bon.

Dérangée par le téléphone, les papiers à signer, soucieuse des 40 sanguines qu'on m'a demandé pour l'expo en plus des sculptures.

Je suis fatiguée, pas concentrée.
Finalement je rentre chez moi. Inutile d'insister, quand ça ne vient pas.

 

Demain je vais à Paris voir Olivier mon fondeur, et faire les essais pour les nouvelles patines.

j'amène les plâtres de"la Femme du vénitien", du" Vaincu" et la terre du "Porteur de chagrin"

Je stresse,  j'ai l'impression que l'expo est demain et que rien n'est prêt.

Pas dormi cette nuit...

Claire a dit...

Le"porteur de chagrin" va partir jeudi au moulage

A la question que je me posais comment représenter le chagrin, j'ai eu la meilleure réponse possible

 

Claire a dit:

"Tout ce que je sais sur le chagrin c'est qu'on le porte sur un regard ou un visage parce que ça vient du fond du ventre, c'est la seule chose que l'on ne peut pas vomir. La position associée à son visage, ça m'a scotché devant mon écran, quoi qu'il porte, il le porte bien même si c'est dur."

 

Pardon à mon amie de la citer sans son autorisation, mais cette phrase là, était si forte, si vraie que j'ai regardé de nouveau le "porteur" et je me suis dit qu'elle avait raison, que tout autre ajout serait juste un"effet" et que c'est faire insulte à la sensibilité des gens et à leur capacite de capter les émotions entre les lignes.

Et mon petit pèlerin commence à avoir cette rage d'avancer que je voulais lui donner.

Cette rage que je connais bien....reste à travailler ses haillons pour accentuer l'effet de mouvement.

J'ai fait un essai ce soir, pas très concluant...

Demain je continue

Comment porter son chagrin?

Le porteur est terminé ou presque, des détails.

Je ne pense pas que se soit ses propres chagrins qu'il porte...

J'ai imaginé, tout en le sculptant, que dans d'autres lieux et dans d'autres temps, un homme devait être désigné, pour porter le chagrin des autres, leur culpabilité.

En tout cas c'est cet homme là que je sculpte, cette fonction là...

Problème comment sculpter le chagrin des autres, j'ai une idée...mais je ne suis pas très sûre.. je ferai des essais dimanche quand je serai seule à l'atelier,

ou alors je vais le laisser un peu sous ses linges, et passer à une autre pièce le temps que l'idée se précise.

J'avance

Et lui aussi... je ne peux pas m'empêcher de travailler en détail l'anatomie même si je sais qu'il va être couvert de hardes et qu'on ne verra rien du modelé des muscles, de la justesses des volumes.

Étrange rapport du sculpteur à ses personnages...et à ceux qui le verront, si je ne le faisais pas j'aurais le sentiment de manquer de respect à l'un et aux autres.

J'ai décidé de continuer cette petite pièce, au lieu de reprendre le"porteur de chagrin", j'ai hâte d'essayer une nouvelle technique pour ces tissus usés dont je veux le vêtir.
La première tentative faites sur" les voyageurs" n'a pas donné ce que je voulais. Je vais voir si je m'approche plus de la matière que je recherche sur celui ci.

5% de talent et 95% de travail, parait il.....je confirme.

Faire, défaire, refaire

Le "Porteur de chagrin", nous à donné quelques soucis aujourd'hui,alors chirurgie réparatrice....

Jérémie a augmenté l'armature.

J'ai repris, en gros, le torse et monté la tête....

Reste .....à tout refaire le modelé et revoir toutes les proportions qui doivent être changées.....

Mais le tête à tête entre lui et moi a commencé. Puisqu'il a un visage, il a aussi une histoire...

Après les voyageurs...

Nouveaux projets nouvelles armatures pour Jérémie..

Serge refait les volumes de la bouche de la" Femme du Vénitien"

Mon nouvel homme qui s'appellera quelque chose comme" Le porteur de secrets ou de chagrins"

attend son visage pour raconter son histoire....