En l'espace d'une nuit, la rouille a tout envahi.
Le corps, l'esprit, le désir, le moindre nerf, le plus aériens des filins imaginaires, tout s'est grippé.
Après une nuit zébrée de cauchemars, je suis allée à l'atelier ce matin et plus rien ne fonctionnait.
J'ai ressorti les dessins, vu le nombre des chassis, il en manquait quatre pour les grands formats... Voilà ce que je devais faire: prendre mon téléphone et passer commande...à priori rien que de la saleté de quotidien, du banal, du rien...et tout d'un coup je n'ai pas pu...j'étais là, devant les dessins posés sur les chassis par terre..et rien. Rien de tout cela ne me concernait plus.
Liste des choses insurmontables: prendre le téléphone, parler, regarder les dessins, rester ou partir.
La rouille a grippé tous les rouages. Je suis restée là, à me craqueler doucement, je voyais des bouts de moi se détacher et tomber comme du plâtre qui s'écaille, une fissure a commencé à s'agrandir, la fêlure prenait des proportions telles que je bougeais plus de peur de provoquer quelque chose d'irrémédiable....
J'ai dit deux ou trois phrases du genre je suis fatiguée, j'ai mal à la tête, et je suis rentrée chez moi. Chambre, volets fermés, porte close...
la rouille a pu envahir mon cerveau aussi....
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