Deville-Chabrolle Journal d'atelier (retrouvé !)

Exactement nulle part

C elle ci dort comme écrasée sous la lumière. Il en est de même à la maison, je buvais un thé il y a à peine cinq minutes sur les marches de la maison, et soleil mis à part, c'était pareil. Les vélos étaient au repos sous un arbre comme des chevaux au pré, deux chats se sont étirés lentement, en sortant de dessous un buisson, sont venus vers moi, comme dans un film au ralenti,même le tuyau d'arrosage avait l'air d'un serpent endormi, roulé sur lui même.

Un jour je vous montrerai les marches de la maison, c'est finalement,  là que tout ce passe en été..... peut être parce qu'on est nulle part, ni dans la maison , ni dans le jardin....

Photographie d'un rêve

Il n'y a pas très longtemps j'ai photographié un rêve...je sais, vous aurez du mal à me croire mais c'était bien un rêve...la couleur dessous,ce gris très doux, c'est le sommeil, on le croit noir mais il est gris. Et cette légère trame blanche dessus, comme en suspension, c'était mon rêve.

Un de ceux qui filent doux, le fil de soie d'un cocon. Et puis quelqu'un a allumé la lumière... et tout est devenu noir.

Les non-dits

Dire sans dire...
Le silence des femmes ou plutôt ( la différence est subtile) ce qu'elles ne disent pas. C'est comme dans la vie , les mots ne s'effacent jamais tout à fait....

Pour les tableaux il faut effacer à la ponceuse la limite trop visible des mots, et les mots résistent encore, la limite disparaît mais les mots restent.

Alors il ne reste plus qu'à  les couvrir de blanc ni trop ni trop peu ... comme un blanc dans la conversation, c'est le même....histoire peut-être qu'un ange passe.

Le goût de l'enfance

                                                Le travail avance vite maintenant, j'oserai dire dans une sorte d'allégresse. Autant prendre son vol est difficile, autant planer en plein milieu du ciel est bonheur rond, plein, qui se suffit à lui même.

Une dizaine de fonds sont prêts ce soir, demain et les jours qui suivent ne seront dédiés qu'à la couleur.....J'ai quitté mon atelier ce soir, tout propre, tout "rangé", (ce qui implique, quand même une dizaine de tableaux en vrac) . Et j'ai pris mon vélo pour renter, il faisait beau et chaud, le vent glissait sur moi......

J'avais douze ans, et la vie avait un goût d'enfance

L'empreinte du magicien

Le magicien revenait de vacances...
Et il a fait voler jusque dans mes doigts, un joli cahier d'écriture, intitulé "Rendez-Vous avec moi-même"......

Comme d'habitude, avec beaucoup de délicatesse, le magicien me devance, sans avoir l'air d'y toucher.
Parmi les centaines d'empreintes de pas, sur la poussière du chemin,  il devine toujours dans laquelle je poserai mon pied .

Du temps et un jour

Je voulais vous montrer les différentes étapes du travail mais en bas débit, mon pauvre ordinateur met 5 minutes pour chaque photo, alors tant pis.

Voici la demoiselle terminée, photographiée un peu de guingois, donc mal recadrée, mais on a une idée du tableau terminé.

Encore deux trois détails infimes à revoir demain,et elle sera prête à partir chez l'encadreur....

Pendant les étapes de séchage j'ai travaillé d'autres fonds, pour demain, fini le petit portrait de kiya, les choses iront plus vite maintenant........

Sensualité

Après la rigueur du dessin, il y a  un autre grand plaisir.
Se retrouver dans le jeu des couleurs et des matières.
Si je comparais un tableau à une phrase, je dirais que le dessin est à la fois le sujet et le verbe. La couleur et la matière seraient tout le reste.

Mais dans un tableau on reste toujours dans la sensualité pure.

La densité de la chair, la peau du tableau....

Structure

Retour dans mon atelier. Retour dans ma bulle.

Tous les collages sont terminés, je commence à travailler, les fonds, les matières, bientôt les couleurs.

Rupture

Je suis partie.
Je me suis quittée.
Entre la "marie" sculpteur et moi marie, rien n'allait plus.

Elle s'isolait de plus en plus ,elle ne pensait qu'à son travail, alors d'un commun accord nous nous sommes accordées une semaine de séparation, pour réfléchir...

Je suis allée dans un coin de campagne, une vallée pleine d'ombre, d'arbres, et de ruisseaux.
Je suis bien, au calme. Le temps glisse sur moi comme une eau fraîche...
Il est temps qu'elle comprenne que j'ai aussi une vie.