Les périmètres clos

Je suis retournée à l'atelier, c'est mon navire à moi.

Un navire immobile, amarré entre deux jardins. C'est un navire qui rêve de mer en écoutant la rivière qui coule plus bas .

Mais quand j'y suis, je suis quand même en partance... Quand même ailleurs

J'ai recommencé à travailler quelques sanguines, la Galerie a peur de ne pas en avoir assez pour deux mois d'exposition.. Alors j'y retravaille un peu, je me reposerai après... Celle-ci est assez ancienne, elle est en haut près de la porte de ma chambre.

Il y a dans ce visage là, quelque chose qui m'a toujours émue, la transparence du regard, et cette bouche enfantine et triste, cette tristesse qui sort toujours de mes mains sans que je le veuille et qui couvre d'un léger glacis chaque regard, chaque visage... où et quand ai-je perdu la gaité que je devais bien avoir en moi au commencement... le tableau le dit sans doute.

Mais j'ai créé, ce tableau, sans prendre la peine d'en percer le mystère..Il faut que certaines choses nous restent étrangères. Il faut en nous des territoires clos. Des terres qu'on aura sans doute foulées qu'une seule fois et dont on perdra la mémoire à tout jamais.....

Comments

[Rédigé par : Mich L]

Bonjour Dame !
Je viens d'arriver. Je prends votre sensationnel train à vapeur en grand route et m'émerveille de vos talents divers. Le coeur et l'espoir se réveillent. Aucun doute, vous transportez ! Je ne jugerai pas vos créations, je n'en ai pas la vision totale. (Votre site est, pour moi, très attractif et accueillant - OUVERT, ENTIER.) Je rêve déjà de pouvoir me déplacer jusqu'à vos sculptures...mais m'intéressent-elles vraiment pour le moment? J'admire la technique soufflante, la perfection élevée, les sentiments qui en surgissent; j'en reste pantois. Je vous avouerais aussi que ce genre de sculpture n'est pas ma tasse de thé mais je suis sous le charme, indéniablement.
Seriez-vous machiangélique?
Dans le peu de temps consacré à feuilleter vos pages électroniques, une "évidence" m'est apparue dans le dessin des bouches. cette marque que vous imposez à la lèvre supérieure. Pulpeuse et lisse, remontée vers les cieux, encore vive d'avoir quitté le sein maternel, empreinte d'une succion volontaire et vitale, et cela, quelque soit l'âge du sujet...
(Je vais peut-être vite en affaire, pardonnez-moi. N'ayant pas regardé grand chose sur votre site.)
Les périmètres clos: j'avais un ami dessinateur qui me disait jeter tous ses dessins à chaque évolution de son art. Ne jamais garder les traces du passé, effacer après avoir "compris", cacher les erreurs, les doutes. Je ne l'ai jamais saisi et c'était là un sujet de discorde totale. Je chipote un peu dans l'image (photographie, infographie) et je garde tout ce que je peux de mon passé en sachant, au fond de moi-même, que cela servira un jour sans nul doute. A quoi? à qui? Peu importe mais ce n'est pas là par hasard ! Il faut parfois se forcer à vivre, à conserver des choses apparemment sans intérêts: la vérité éclate subitement, l'évidence explose comme l'étincelle de la jouissance!
Je vous laisse à votre grand oeuvre, à votre vie - vous êtes investie - et vous envoie de bonnes pensées pour votre journée !
Mich L
PS: c'est quoi cette histoire de "petite Marie"?

Michel Lechien - Le Roeulx - Belgique

[Rédigé par : Patrick]

Chére , trés chére Marie
J'ai eu la chance d'aller voir votre expo à Paris. Le plaisir était encore supérieur à l'attente, c'est peu dire....
Dans la fébrilité de la visite, je n'ai rien analysé mais laissé l'emerveillement m'envahir.
Ensuite dans le train , en rentrant, j'ai "épluché " votre fabuleux livre.
2 sculptures m'ont encore plus touchées:
voila mes impressions (j'espére ne pas vous barber).
Héroîne 2001:
Malgré tout ce chagrin,
son corps superbe, par reflexe sans doute, a répondu encore une fois présent; elle s'est relevée.
Cette guangue qui est lourde et génante, mais qui la protége à peine pourtant de la nudité; elle la maintient maladroitement contre son corps.
C'est un horrible moment, on le perçoit intensément.
Mais, déja, les yeux tournés vers le ciel, elle prie Dieu de la délivrer de ses tourments.
Et de tout ce noir, nait enfin une lueur d'espoir.

[Rédigé par : marie]

Cher michel
Machiangélique moi qui suis amoureuse des mots, si vous le permettez j'adopte celui là.je le trouve joli . Bon je reviens à votre commentaire, si riche pour moi.j'aime qu'on puisse me dire avec franchise :vos sculptures, c'est pas ma tasse de thé et en même savoir en relever les qualités où hélas les défauts.c'est la preuve d'un esprit ouvert, large et libre...
Pour la bouche ,bien vu, dans un visage (sculpture ou sanguine) il y a pour moi deux points d'une grâce infinie le regard et la bouche...j'aime sur un visage ce qui reste de l'enfance, je pourrai même dire j'aime dans une personne ce qui lui reste d'enfance, c'est pour moi ce qui reste de plus authentique en chacun de nous...
Pour ce qui est de garder ou jeter, vaste débat, je fais partie des "gardeuses" certes , votre ami intellectuellement était sans doute dans le vrai...;mais tout dépend de ladémarche et du sens de son travail, moi je garde beaucoup...pour les mêmes raisons que vous mais aussi parce que je suis très très très interessée par tout ce qui a trait à la mémoire à la trace à l'empreinte des choses plus qu'aus choses elles mêmes mais ce serait un peu long d'en parler ici...
Quant à la petite marie ,c'est simple c'est l'enfant en moi, celle qui n'a pas grandi, celle qui se cache on fond de moi mais dont je ressent parfaitement la tristesse, l'étonnement, la mélancolie alors comme elle est très très présente j'en parle souvent et tout le monde la connait nien, il doit même y avoir la photo de cette petite fille triste que j'étais à trois ans quelque part dans le blog

toute mon amitié, vous reviendrez?
marie

[Rédigé par : Mich L]

Bon sang de bonsoir Dame Marie !
Vous êtes encore plus incroyable que je ne le pensais !! Vous me répondez une tartine presque aussi longue que la mienne...et quelle farine, alors! Pas de la blanche industrielle mais de la bonne vieille artisanale aux 17 céréales bien choisies. Je suis ému et honoré à la fois. Si, si!
Evidemment que je reviendrai. Si nous sommes là, c'est qu'en ce moment nous avons peut-être besoin l'un de l'autre (j'ose le croire, humblement).Rien à voir avec votre rêve, ne vous méprenez pas!

Merci pour votre réponse, elle me ravit.

Petite Marie: ...et tout le monde la connait nien... C'est marrant comme lapsus (nien). C'est entre bien et rien, c'est en tout cas une négation, ça vous parle ? Gardez-le pour vous! :-)
J'aime bien la richesse symbolique des anagrammes:
Marie = aimer
Marie-Paule = à ma puérile (petite Marie)
= aime pâleur = épauler ami = limera peau = pâmera lieu = île à paumer = émue plaira = pleura amie (ou aimé) = aïeul rampe = email apuré = plaie muera... je m'arrête là, vous avez de quoi songer. C'est dingue les mots !

Faut que je vous laisse, la lune est belle ce soir et les nuages trop gourmands d'elle. J'aime bien regarder le jardin sous sa lumière, c'est du monde parallèle envoûtant...

A vous lire, chère Dame Marie,
Mich L

[Rédigé par : Prince Taliesin pour Mich L et Marie]

Bonjour.

Très poétiques et pleins de fantaisie ces anagrammes sur le prénom Marie Paule, tout à fait à leur place sur ce blog.

Marie, vos sanguines sont très belles, particulièrement celle-ci. Les avez-vous rassemblées dans un ouvrage que l'on puisse se procurer ?

A bientôt.