Deville-Chabrolle Journal d'atelier (retrouvé !)

Ecchymoses

  Le médecin avait dit cinq jours de repos non-négociables...moi j'avais dit trois pour lui faire plaisir..finalement mon tube de paracétamol et moi avons opté ce matin pour une reprise du travail immédiate......

C'est ma manière à moi de faire la guerre à la réalité. Même pas mal, et puis si j'ai mal je n'entends pas , ça n'existe pas...

Je sais c'est la réalité qui gagnera, je ne me fais aucune illusion ....C'est elle qui me fera passer par la porte- basse et face contre terre encore...  mais en attendant, je suis dans mon atelier.

Je triche un peu, la photo n'a pas été prise aujourd'hui, mais je faisais du rangement et j'ai trouvé cette photo dans un magazine qui avait fait un reportage, il y a deux ans.... je ne montre pas mes ecchymoses .....c'est un principe !!!

Cohérence

  La vie est toujours extraordinairement cohérente , et si l'on ne le perçoit pas.... c'est que NOUS manquons de cohérence.

Ma vie étant une vaste, mauvaise plaisanterie, voici ma dernière oeuvre exécutée seule, sur une route déserte et que j'appellerai:"autoportrait de l'artiste". Ou ce qu'il en restait ce matin à 12h10 environ.

Ensuite la routine ..retour aux urgences quittées en Novembre ...examens radio de la tête, mais là je cache bien mon jeu..radio du bras et de la main droite . Bien sûr la droite..qu'est ce que vous croyez ?  que ce serait la gauche...alors que je suis droitière ?

Rien de cassé, juste main bandée, une semaine d'immobilité....

Pour de vrai ...je suis plustriste que je veux bien le montrer, oh pas pour la voiture ...mais parce que je me trouve de plus en plus pitoyable avec mes actes manqués et mes barres trop hautes et tout ce que je n'arrive pas à assumer et tout le reste....

Et moi

Je tends les bras
j'ouvre les mains
et je vois les traces
du mal et ça faitmal.
noir sale
en dedans de moi
je mets les poings
sur mes yeux
fermés
et je vois la lumière
noire du mal
rien pour effacer c'est gravé imprimé
en moi
et ça fait
mal
le mal"

Bernard frot,Catherine Louis in " Pour vivre.

Les enfants pâles

Je lui avais écrit : " nous sommes tous de grands brûlés qu"il faudrait traiter avec d'infinies précautions, mais on l'oublie tout le temps. Alors les gens jettent les mots à la volée, sans savoir, et leurs mots c'est comme s'il jetaient des cailloux au visage d' enfants trop pâles , ces enfants là ne pleurent même plus....

J'habite chez mes livres

Enième tentative ce matin, de nous accorder mes livres et moi, sur un partage possible du territoire.

Pour l'instant c'est moi qui vit chez eux.

Dommages collatéraux

 Mon atelier en ce moment est à l'image de mon esprit, en désordre certes ... mais pas plus que d'habitude ou si peu.
C'est surtout j'ai la sensation qu'il passe sans arrêt de l'infiniment petit, précis, une sorte d'attention chirurgicale aux choses( ça je ne suis pas sure que ça existe comme expression) à un survol très ample, très détaché de tout.

Examen minutieux de choses infimes, de détails microscopiques, comme lorsque je suis très attentive à la moindre nuance d'ombre ou de lumière sur un dessin, par exemple.......     Et puis à d'autres moment , je suis ailleurs très haut très loin, tout ce qui semblait important devient insignifiant..

Et pourtant je jure que je ne bois rien, et que j'ai même arrêté de fumer ...l'art ferait aussi des dommages collatéraux???

Voyage intérieur

J'ai un mal fou à sortir de cette longue préparation d'exposition......
Deux ans à marcher à l'intérieur de soi, c'est long . On en sort changé. Mais je n'arrive pas encore à analyser les changements, j'essaie de comprendre ce qui se passe en moi.

C'est à la fois comme si j'avais laissé derrière moi,  long de la route , tout ce qui pesait lourd et était inutile, beaucoup de culpabilité, beaucoup d'illusions, beaucoup de peurs aussi.

Lorsque je suis allée en Inde, il y a quatre ou cinq ans, j'en suis revenue en me disant que le prochain voyage et sans doute le plus passionnant maintenant serait intérieur. Il a sans aucun doute commencé, il y a deux ans, lorsque j'ai fait la première sculpture de l'expo de Paris.

L'enfermement

"Elle n'est là qu'en apparence, et fait semblant de s'abandonner à l'immobilité. Le regard de la jeune fille a glissé vers ailleurs, avec elle il ne peint qu'une fuite. Ses lèvres fermées en prennent une sensualité précieuse.

Il saisit mieux la jeune fille en ne la saisissant pas. La liberté est dans l'enfermement, toujours."

P.Delerm  "intérieur"

La main de l'ange

L'ange qui a fait cela pour moi, je l'ai connu quand il n'était encore qu'un duvet d'ange dans un berceau. il avait quelques jours à peine et moi , pour lui, je revenais du Cambodge dans un avion qui n'en finissait pas d'arriver...

Et puis on a grandi tous les deux. Je le portais dans mes bras... le temps de quelques étés sous le grand tilleul, il m'est arrivé à la taille, maintenant il me dépasse d'une épaule....la vie quoi..

Un jour que je m'étais perdue, là ou même moi, je ne pouvais plus me retrouver. Il m'a écrit une lettre.

A moi qui me sentais moins que cendre, il disait que j'étais lumière. Et là ou j'étais,croyez moi, les gens avaient perdu jusqu'au souvenir de la lumière. Jamais plus je n'ai évoqué cette lettre avec lui, trop de tendresse;

Pour Noel il a récupéré une petite main que j'avais faite et il l'a réparée et reciselée.

C' est le genre de choses que font les anges, c'est à ça que vous les reconnaissez...

Les multiples

Travailler sur les mutiples en soi.

La complexité de toutes ces facettes. Je ne suis pas changeante mais multiple, comment dire ? trop nombreuse en moi.

Je ne sais pas dire cela, alors je le peins....