Deville-Chabrolle Journal d'atelier (retrouvé !)

Les premiers baisers du jour

Anniversaire

Les premiers baisers du jour sont venus juste après les douze coups de minuit... j'étais encore à regarder le feu d'artifice à l'envers. Juste les lumières se refléter sur les arbres du jardin, avec mon thé et ma musique... ils sont venus très doux se poser dans la nuit d'été...

Les premières fleurs du jour sont venues dans la matinée, c'était les fleurs de mes hommes....je veux dire ceux de ma fonderie.. Olivier Delmas, et tous ceux qui jours après jours refondent, cisèlent et repatinent mon âme...

Le premier thé de la journée je l'ai bu avec Marco....(et non)....Marco Polo, le thé que Valérie et André-Patric de la Galerie de La Place à Lyon m'ont offert  (je l'avais tant aimé le soir après le vernissage.)

merci , merci pour ces baisers, ces fleurs , ces arômes merci ... pour l'amour qu'il y a dans tout cela.

Et ta vie Marie?

De quoi  remplis-tu ta vie Marie ?

Du parfum de fleur d'oranger dont je parfume mon cou chaque matin, comme d'autres mettent des bijoux.

De terre douce que je sculpte dans la douceur de heures lentes, pour donner forme à un monde qui me ressemble.

De livres empilés dans mon bureau, dans ma chambre, dans l'atelier, sur une chaise de la cuisine... Un livre ne doit jamais être plus loin que la portée de mon bras.

De l'odeur de mon jardin, de celle du cou de Kiya, de l'odeur du livre neuf que l'on ouvre, de l'odeur sucrée des fruits d'été, de celle du thé, de l'odeur de la nuit et du jour naissant.

Du silence et des musiques qui vivent dessous, de la page blanche et des mots qui se cachent dedans, de la courbe si pure du vol d'une tourterelle quand j'ouvre la fenêtre de ma chambre au petit matin. Des mots que je reçois, de l'amour qu'on me donne, même de loin.

Et là, maintenant, ce soir, par la fenêtre ouverte du bureau, des derniers rayons du soleil  qui sont en train de poser leurs feuilles d'or pur sur le pied de l'arbre, sur la table de bois sur laquelle j'ai bu mon thé cet après-midi.

"Jardin bleu" dans l'ombre tendre de ces grands arbres, le cou caressé par les petites mèches rebelles des cheveux sagements attachés.

Il y a des jours pleins d'or, de sagesse, et de beauté.

Trop

L' image n'est pas très belle, floue, un peu comme moi en ce moment.

Bon, mais ça avance... après tout c'est l'essentiel... parait que les états d'âmes sont à proscrire .... oui, mais moi l'état de mon âme m'intéresse...

Constat: âme un peu fêlée, coeur qui va avec... moral peut nettement mieux faire... va falloir faire avec .

Bon alors va falloir aussi admettre un fois pour toute que:
Je ne suis pas une battante,
je ne suis pas vraiment positive comme fille,
que j'ai des états d'âmes et (hélas plus souvent  que je ne souhaiterais en avoir),
je ne suis pas rationnelle, encore moins "rationnelle distante" (oui c'est une catégorie, j'ai appris ça il y a peu de temps alors je le place )
que je suis instable, pas très sociable, excessive, passionnée, compliquée, trop sensible, contradictoire , pas sortable, maniaco-dépressive, agoraphobe, claustrophobe, anxieuse, chrono-destructurée, névrosée (pas sûr mais il y a de grande chance) ...et j'en oublie sûrement....

Bref si vous avez des amis "normaux", positifs, équilibrés passez la soirée avec eux... normalement tout cela n'est pas contagieux mais on ne sait jamais.....

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//////////////////// Spéciale dédicace pour Camaienne :

Pauline Croze - Je suis floue
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L'affaire des tuteurs de pieds de tomates

La nouvelle la plus ébouriffante de la journée:

Odile à qui on a volé tous ses tuteurs de  pieds de tomates dans la nuit....

J'en ai été d'autant plus  boulversée que j'ai passé moi-même la matinée à la jardinerie pour acheter un nouvel arbuste rouge pour le jardin de la maison, et trois pour l'atelier!(Pardonnez cette parenthése personnelle)

Mais tout de même! on peut légitimement s'interroger sur la psychologie (sans doute pathologique )de quelqu'un qui prémédite le vol de tuteurs de pieds de tomate...

Crime passsionnel? , rapt peut être? j'ignore si une rançon a été demandée , à cette heure...à moins qu'il faille rechercher dans l'enfance du criminel ...un orphelin.?..Chez qui le mot tuteur réveille une haine et un besoin de détruire irrationnel?

J'en ai encore des frissons partout, je ne sais plus si je plante mon arbuste avant la nuit où si j'attends demain.....

Après ça on ne peut vraiment plus dire qu'il ne se passe rien dans nos campagne!!!!! n'en déplaise aux citadins!

Les jours de lessive

ça evidement c'est pas mon jardin..C'était un restaurant à Casa. En ce moment dès que mon esprit vagabonde c'est au Maroc que je retourne...

J'ai repris, la -bas en plein coeur, ma petite enfance, tout ce que ce pays m'a offert, m'a donné avec la générosité des pays d'enfance , des pays d'ailleurs.

Les maisons dans lesquelles j'ai vécues n'étaient pas somptueuses, et pourtant dans cette photo je retrouve tout.Ombre , soleil , le carrelage et la couleur  de la cuisine,volets clos au heures les plus chaudes, aux heures de la sieste obligatoire pour la petite Marie, qui se relevait en douce, pour marcher pieds nus sur les carreaux frais ..jouer avec l'eau....

L' ombre des arbres sous lesquels on nos mettait de grandes bassines en métal, en guise de piscine les jours de chergui...Ce vent brûlant, qui disait -on venait de désert .

Quand ce vent soufflait les volets se fermaient, la lumière devenait spéciale, le jardin était exténué de chaleur. ne pas sortir, rester à l'ombre...regarder le vent brûler la vie dehors, et soulever la poussière du jardin.

Au fond, il y avait une sorte de petit préau c'est là ou ma mère et fatima faisaient la lessive...les grands baquets en ciment, ou le linge trempait et toujours cette petite boule bleue qu'elles mettaient au dernier rinçage pour bleuir le linge blanc.

Le mieux c'étaient les jours de grandes lessives avec les lessiveuses en métal, posées sur des réchauds dans lesquels le linge bouillait pendant des heures, l'air se remplissait de cette odeur de lessive et de linge, ma mère et fatima s'activaient et nous, ma soeur et moi on tournait autour comme des mouches..., vers la fin de l'après midi elles sortaient le linge encore fumant , pour le mette dans l'eau fraîche.

Et puis les grands draps blancs qui claquaient sur le fil, j'ai aimé d'amour ces femmes là, leurs bras dans l'eau , leur rires, le linge propre et les grands draps blancs qu'elles repliaient ensemble ...

La nuit dans les replis des draps il restait encore un peu de leurs rires, mélés à l'odeur de lessive....

De l'eau et du silence

Quelquefois les soirs d'été vers 6 h, quand il n'y a plus personne à l'atelier, avant de rentrer chez moi, c'est dans ce coin là que je traîne un moment.

Il n'y a pas un bruit. Juste les oiseaux et le va et viens de l'arrosage qui caresse  la pelouse. L'attouchement délicat de l'eau et des basses branches du saule...

J'aime ça Rien, pas de bruit, pas de télephone, un petit souffle de vent tout tiède qui balaie le blond des cheveux devant les yeux et dans le cou. L'odeur de l'herbe. La fatigue douce des fins de journées, quand la sculpture a bien avancé.

Derrière le portail blanc, il doit bien y avoir la vie qui continue... sans doute, peut être......pas sûr finalement

L'essentiel

Me voici de retour.

Après avoir fait Diva à Lyon, Shérazade au Maroc, après avoir été Ingrid Bergman au Rick's café ....  je me retrouve ici, dans mon jardin, entre la fontaine et les arbres..... et c'est joli aussi

Les souvenirs que je ramène sont semblables à cette photographie... sereins, doux, avec l'âme enrichie de l'essentiel....

La plus belle chose

La plus belle chose que j'ai vue ces jours-ci, le printemps dans mon téléphone portable envoyé par mms.

la plus belle chose que j'ai lue ,une lettre de Pierre B. pleine de tendresse ... d'autant plus émouvante que je ne le connais pas.

La plus belle chose entendue une réponse sincère à une question posée, même si la réponse m'a un peu égratigné le coeur. Et une caresse sur ma joue pour balayer la peine.

La plus belle chose que je verrai après demain, un avion qui m'emportera ailleurs.....

Eloge de la fuite

                                                                 C  'est pas que j'ai peur de quelque chose de précis la veille d'un vernissage, c'est qu'il va falloir être là, et exister en pleine lumière et si je pouvais, moi, je choisirais l'ombre.

Si je pouvais,  je serai avec Blanche dans"Un tramway nommé désir" dans la chaleur épaisse de la nuit on  boirait quelque chose de fort et de glacé. Je l'écouterais  dérouler le fil de soie de sa folie. Pendant que Stanley nous maudirait, elle et moi....

Ou alors avec Michelangelo Buonarroti , on regarderait la pièta,à peine éclairée par un flambeau. Assis sur les dalles froides, le dos contre un pilier. Il me dit sa fatigue, je l'écoute,  sa voix résonne, glisse comme le marbre du drapé de Marie.

Ou avec paul Bowles, tout en haut de la médina de Tanger, , il fait très chaud,il vient de finir son livre" Un thé au Sahara". Il parle en regardant le ciel noir éclaboussé d'étoiles,moi je le regarde lui...

J'aime la nuit, quand les gens parlent de ce qui les fait vivre ou mourir , que des portes s'ouvrent et qu'on peut toujours fuir par l'une d'entre elles

jeudi 11

Ce tableau s'appelait "lettre d'ailleurs"...Le vernissage est maintenant dans 5,6 jours alors je pars demain jusqu'a lundi ...je veux penser à tout, sauf à ce soir du 10..

Tant pis Sisyphe attendra encore sa planète.

Dans ma tête j'ai tout remis a plus tard....

Comme les mauvais chevaux je bute toujours sur l'obstacle.

Sur mon calendrier le jeudi 11 n'existe pas