Deville-Chabrolle Journal d'atelier (retrouvé !)

Voyage en fonderie

Olivier est le roi ce royaume qui est la fonderie.

On y rencontre des femmes, belles et muettes

comme la femme du vénitien...J'avais écrit ce texte pour elle

"Ils disaient aussi d’autres contrées , une ville bâtie sur l’eau et qu’on nomme « La Sérénissime » et de la femme qui y vit….l’épouse d’un riche marchand Vénitien.

Ils disaient: » quand elle écarte les voiles de son visage, le soleil lui-même s’éloigne,déconcerté et le vent lui dit :« tu es la femme avec qui je suis en amour , il n‘y a pas de plus beau titre » et il dépose à ses pieds le parfum des épices et des soies. Les senteurs de la mer le soir .

Alors son mari la cache comme un trésor….

Mais tous les voyageurs racontent ces histoires, racontent, les villes et les femmes."

Sale histoire

La vie n'est facile pour personne, alors comme vous êtes mes amis je vous envoie à tous le portrait robot du petit monstre  noir....

Mieux vaut prévenir que guérir...... pour le reste ne faites pas attention c'est pour détourner l'attention.

C'est une sombre histoire sexuelle de grenouille.....séduite et abandonnée je pense, parce que les petits ronds jaunes sont ses bébés   et qu'il n'y a pas de papa.....après on s'étonne que la grenouille soit victime du petit monstre noir............ Dur                                                      

Les vitres

La "frileuse est partie de l'atelier...c'est mieux
C'est au tour d'Antonio de la mouler...

T'en fais pas petite soeur, c'est pas toi, c'est la vie qui est glaciale quelquefois, tout se reflète dans les vitres et dans les miroirs, on arrive plus à toucher les vrais gens, les vraies émotions.

On ne sait plus dire les choses.
On regarde de loin c'est tout.

"le front aux vitres comme font les veilleurs de chagrin"

L'inachevé

L'inachevé, les points de suspension, les phrases que l'on ne finit pas, les lettres qu'on aurait du écrire, les réponses qu'on ne fait pas, les coups de téléphone qui résonnent dans le vide....

Tout cela se perd où?

Peut-être qu'il y a un endroit, où tout cela est tombé en strates successives  depuis notre enfance.

C'est peut être là qu'on se perd de temps en temps..... au départ, on buterait bêtement  sur un mot et on tomberait dans cette épaisseur vertigineuse de silences.....

Sisyphe

les artistes sont des sortes de monstres...qui se nourrissent de tout, de tous, et sourtout d'eux même, ils se dévorent de l'intérieur....

Ces jours de ressac, de reflux, enfermée dans mon mutisme et dans mon placard m'ont fait ressentir "la pesanteur"... la vie comme du plomb, le dos douloureux, les ailes engluées dans la boue...

alors..... la pesanteur ça se sculpte j'ai commencé un" Sisyphe" qui poussera son rocher pour l'éternité....

Le petit monstre noir

Elle a pour nom "La frileuse".... ma dernière sculpture...

Sortie de placard un peu frileuse, la lumière  fait cligner les yeux, j'ai des frissons, la couleur  a changé dans le jardin, imperceptiblement.

Dans l'atelier quand je travaille le soleil me réchauffe le dos.

Kiya m'a fait un dessin plein de couleur et puis en bas à

gauche une tache noire, je lui et demandé ce que c'était  elle m'a dit .....c'est un petit monstre noir.

Bon alors disons que le petit monstre noir du placard est en train de mourir, les couleurs reviennent doucement....

Les étoiles tombent

Cette nuit... pas beaucoup dormi, mais ce matin au réveil j'ai vu qu'une étoile avait du tomber du ciel et laisser son empreinte sur mon mur.

Personne n'a pu la dessiner, à l'endroit où elle est et elle n'existait pas hier, alors très scientifiquement, j'en déduis qu'une étoile est tombée hier ....et a laissé sa trace contre mon mur...un signe...de la lumière.

Je veux croire aux signes , je veux croire à la lumière, surtout quand je suis dans le noir....

Alors puisque les marches de la maison sont toutes tiédies par le soleil..... et qu'on peut y boire son thé, .....

Et puisque les étoiles se mettent à briller en plein jour......

Allez , Marie debout, on ne peut pas faire moins que les étoiles.... C'est juste pas possible !

Désastre blanc

Je regarde  les sculptures sortir de mes mains.
Une à une.

Comme un magicien qu'aurait perdu la tête, oublié ses formules magiques et les colombes sortiraient une a une de son chapeau sans qu'il sache les arrêter.

La nuit il est seul sur scène il n'y a plus de lumière et les colombes, dans l'ombre et le silence sortent encore et encore, envahissent le théâtre, battent des ailes, leurs milliers de minuscules coeurs rouges s'affolent, le magicien est debout, tout seul , dans la nuit noire et dans le désastre blanc  des colombes.

Oubli de soie

                                                           

Elle s'appelle "oubli de soie"

Il y a la sculpture telle que vous la verrez, en galerie, telle qu'elle sera en bronze .

Et puis , elle, telle qu'elle est,

telle que vous la voyez avec moi,

avec mon regard à moi.

Elle, quand elle est en travail, en devenir, à moitié dans son chaos de terre, dans ses linges qui sentent la terre et l'eau

elle , dans sa difficulté à être.

C'est comme dans la vie,

soi et sa face cachée,

face contre terre,

perdre la face.....

perdre la face......

perdre

La vie rêvée des anges

"Dur de s'avouer en son coeur et de dire aux autres « Je me donne tant pour sortir de moi ces vies qui m'habitent. Dur cet accouchement qui me laisse exsangue, qui me dépouille de moi et me laisse insatisfaite et loin de ce que je voulais dire. Dur de ne pas en être satisfaite, je lutte tellement avec moi-même et je donne tant aussi d'amour qu'il me faut le silence et la profondeur des rêves pour me retrouver et me recomposer et espérer une nuit sans fin pour apaiser mon âme et mon corps de tous les tourments que je lui inflige, dormir pour ne plus être responsable, plonger dans l'oubli
de mes exigences.» S...

Voila on ne se connait pas,je ne sais de quel conte elle est sortie, c'était l'ange d'Orphée, et celui de.... mais elle ne veut pas que je parle d'elle... alors chut

Je ne sais comment elle fait pour entrer dans mon âme et y voir si clairement... J'ai peur qu'elle ne disparaisse un jour de mon ciel comme elle y est entrée