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Me voici de retour.
Après avoir fait Diva à Lyon, Shérazade au Maroc, après avoir été Ingrid Bergman au Rick's café .... je me retrouve ici, dans mon jardin, entre la fontaine et les arbres..... et c'est joli aussi
Les souvenirs que je ramène sont semblables à cette photographie... sereins, doux, avec l'âme enrichie de l'essentiel....
Ici, c'est le Maroc, c'est là où je suis née.
Là où j'ai passé mon enfance et mon adolescence....
La chambre où je dors est dans la maison de Najat, l'amie de coeur de mon adolescence. Son frère Djamil a transformé cette maison, en maison d'hôtes.... le" Jnanesherazade" à Casablanca.
Alors après avoir fait Diva à Lyon me voici en Shérazade ici....et le décor ne dément pas le nom. Et l'attention affectueuse de mes hôtes encore moins.
Tout ceci , pour vous dire l'état émotionnel qui prédomine à tout mon séjour ici... des amis retrouvés, des lieux, l' odeur du pain, du thé, des rues.
La tièdeur des soirées sur la terrasse avec un thé à la menthe... 
Il y a quelques temps je disais vouloir être en compagnie de Paul Bowles à Tanger, mais finalement ce sera au Rick's Café avec Humpfrey Bogart...
Et pour l'ambiance musicale :
La plus belle chose que j'ai vue ces jours-ci, le printemps dans mon téléphone portable envoyé par mms.
la plus belle chose que j'ai lue ,une lettre de Pierre B. pleine de tendresse ... d'autant plus émouvante que je ne le connais pas.
La plus belle chose entendue une réponse sincère à une question posée, même si la réponse m'a un peu égratigné le coeur. Et une caresse sur ma joue pour balayer la peine.
La plus belle chose que je verrai après demain, un avion qui m'emportera ailleurs.....
Quand je me suis sauvée de l'atelier, Antonio était toujours avec Sisyphe.
Mais lui, avait les deux bras sectionnés, (Sisyphe pas Antonio)... je sais il le faut, mais quand même je n'aime pas. J'invente toujours quelque chose pour partir.
Mettre le mot fin accollé à une sculpture est une aberration.... c'est comme dans la vie rien n'est jamais fini, jamais vraiment...
Comme toujours je m'aperçois après coup, que même si j'ai l'impression de parler d'autre chose, c'est toujours de ma vie dont je parle... de la vie qui nous oblige toujours à avancer en poussant pêle -mêle le passé le présent...... de la création qui ne finit jamais, parce qu'elle est ma seule véritable possibilité de communiquer.....
Entre Sisyphe et moi rien ne va plus...
Nous avons décidé de nous séparer jeudi, Antonio viendra le mouler et me tirera un plâtre de lui avec lequel j'espère mieux m'entendre.
Moi je partirai sans doute quelques jours....au retour je travaillerai avec son plâtre pour lui faire un rocher ou un monde à sa mesure....
comme disait Cioran :"nous durons ce que durent nos fictions" soupir.......
Kiya veut jouer au foot.
moi, perso, je hais le foot, et en plus j'ai mal au dos....
Mais quand je la vois avec ses chaussures rouges , ses lunettes de soleil, et qu'elle me dit: "alleeeeeez! viens jouer au foot, je t'adore, arrête de pleurchiner" (oui, bon, elle dit pleurchiner au lieu de pleurnicher, mais c'est kiya elle a le droit) . Hé bien moi, je joue au foot....
Je regarde ses petits pieds rouges courrir partout, sur la grisaille des marches, sur le vert de l'herbe, et je me dit que décidement le rouge est bien la couleur de l'amour.......
ok. D'accord, je n'ai pas été très disponible ces temps ci
. Moyennement aimable aussi. Mais je lui avais expliqué exposition, stress, fatigue.......Alors franchement est -ce que ça valait vraiment la peine de se mettre dans des états pareils?
Je reviens du vernissage, je demande juste un week end de tranquillité et je retrouve Sisyphe dans un état lamentable, tout l'avant du torse écroulé et un bras emporté avec dans le naufrage.... moi je dis que c'est beaucoup de cinéma pour pas grand chose.....
La preuve ....une journée à ne m'occuper que de lui et le voilà de nouveau fringant.
Bon, je n'ai pas voulu, polémiquer mais pour lui faire comprendre qu'il n'y a pas que lui au monde j'ai mis la photo d'un autre....
Aujourd'hui c'est dimanche de belle solitude. La belle solitude..... celle qui vous vient comme une eau fraîche.
La belle solitude du jardin , qui pendant ces trois jours s'est adouci de couleurs tendres.
La belle solitude des mots qui bercent .
La belle solitude du silence ponctué des bruits ..espérés, la cloche du village, l'envol brusque des tourterelles, le chuchotement de la fontaine sous ma fenêtre...
Plus d'urgenc
e à être ici où là, plus rien ....sauf la paix du jardin, un bain parfumé, boire un thé, aller voir de plus près la beauté des fleurs fraîches écloses, s'endormir doucement avec un livre qui vous glisse entre les doigts.....
Se laisser dériver juqu'a la fin de l'après midi, avec une lenteur infinie....
Après votre départ, tard, on a fermé les portes de la galerie ,ne restent plus que ceux qui on fait que toute cette soirée soit un vrai moment de retrouvailles, que tout le monde se sente bien, accueilli.
Alors c'est un peu comme de l'enfance retrouvée, on rit pour un rien,on dit qu'on a mal aux pieds, on se met de la musique, on prend des photos entre nous, et on va diner au restaurant.....et puis plus tard encore on rentre à l'hotel tous épuisés....
De retour à la maison.... vos fleurs sont là pour dire le parfum de cette soirée, des fleurs blanches comme j'aime. Le parfum des lys, me caresse chaque fois que je monte ou descend cet escalier, soit vingt fois par jour.....
Kiya , Jérémie, et moi avons croqué les bonbons offerts par Mélanie et les macarons aussi ..
Kiya a dit "c'est qui qui te les a donné?" Je lui ai dit que c'était les anges offraient très souvent des bonbons et des fleurs....la réponse lui a paru satisfaisante ....les enfants ,eux, n'ont aucun doute sur les anges
Et puis c
'est l'heure, ou presque.
Juste avant au bar de l'hôtel , dans un coin tranquille, on retrouve Jacques et Nicole. Les amis de toujours, c'est chaud tendre, et rassurant de les voir là. On ressort nos vieilles blagues, ils me connaissent, m'entourent de leur tendresse on parle de tout sauf du vernissage, un thé, des sourires, des baisers, des messages pleins d'amour sur mon portable... ce qu'il faut pour avoir le courage d'aller à la galerie... Trois pas et sur le seuil ces mots.....
Très profond en moi j'entends le bruit minuscule d'une déchirure...je me demande qui prendra une seconde pour les lire et qui marchera sur les mots....
Et puis très vite, vous êtes là... ceux que je connais, ceux que je reconnais, ceux qui y sont même absents...et vous, qui serrez ma main , m'embrassez, quelques anges gardiens ils se reconnaîtront ... et là je ne pense plus à rien je vous parle je vous regarde, je signe des livres, on se sourit on se reconnait dans les mêmes émotions....je n'ai plus peur parce que vous m'êtes soudain familiers....au sens de famille
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