Deville-Chabrolle Journal d'atelier (retrouvé !)

Epure (deux)

Nuit très courte.

4 heures de sommeil.

Ce matin je suis allée à l'atelier , j'ai tourné autour d'elle, puis je me suis assise par terre face à mon armature.

L'armature est comme un filet a capter les rêves. Bien sûr une forme générale est esquissée, parce qu'on a commencé déjà à  rêver. Avant.

Une part du  secret de cette sculpture c'est la terre qui le porte et qui le révèlera au moment voulu..

L'autre part est en moi, non révélé encore.

Confusement je sais que ce qui me préoccupe en ce moment c'est mon instabilité, au sens ou l'on peut parler d'une combinaison chimique instable. Mais il se peut aussi qu'à la suite de la petite assise sur son banc il ne soit pas si facile de refermer tout de suite la porte du passé.

J'aime ce moment là, ce flou, tous ces possibles ouverts.

Je me sens libre de rêver ma sculpture, impatiente de commencer.

Mais la première poignée de terre  posée sur l'armature sera aussi la première poignée d'ombre arrachée à moi même.

Epure

Dans l'atelier, vidé, nettoyé, qui sent encore le propre, la nouvelle armature attend.

Comme une épure, une signature dans l'air, une idée lancée .

A moi de lui donner muscles, chair, visage et surtout, surtout une âme....

J'ai tout le mois d'aout pour y travailler. J'ai envie de prendre mon temps, de faire un long bout de chemin avec elle....

La porte du placard

Voilà, son attente est finie.
La mienne aussi.

Arrêt sur image.
Mais l'image est au dehors.
Pas neutralisée... mais, plus loin..

Image prisonnière de la terre et bientôt du bronze.

La petite Marie va peut être ouvrir doucement la porte du placard.

Un peu... juste pour voir.

Si sage

Elle vient d'être lavée, et bien coiffée.
Comme une poupée.
Maintenant elle attend.

On lui a dit "ne bouge pas , je reviens"
D'autres peut être seraient reparties jouer au soleil.
D'autres auraient peut être désobei.
Pas,elle. Il lui arrive encore de se demander pourquoi.

C'était déjà,avant, une petite fille sage.Et timide. Et silencieuse.

Alors elle regarde le bout de ses chaussures, et se fabrique un silence.Pour elle toute seule.
Un silence assez profond pour se noyer dedans.
Elle est petite mais elle a appris ça très vite.

Pendant l'attente , elle essaie de devenir invisible....Elle se dit qu'on doit pouvoir y arriver.Puisque ça existe dans les histoires.

Elle a chaud dans ce grenier, et c'est noir.

Le tissu rêche lui gratte les jambes.

Et pourtant elle ne bougera pas.
Parce qu'on lui a dit d'être très sage, et très gentille.
Elle l'est.

les pas dans l'escalier

Nous avons avancé toute les deux...main dans la main sans un mot.

Toute la journée sans s'arrêter.Pas le temps.

Inutile qu'elle me raconte son histoire je la connais par coeur....

L'attente, le noir ,le coeur serré, le tissus qui gratte les jambes, la sandale qu'on balance du bout du pied....

Et les pas dans l'escalier....

Nocturne

A première vue, rien que de très banal.

Un soir d'été, une famille autour d'une table, les tout-petits qui font un "pestacle", la douceur de l'air, des rires autour des éternelles vieilles histoires milles fois entendues et racontées, la complicité. Et l'amour  passe inlassablement de l'un à l'autre, par cette main posée sur une épaule, un sourire de complicité, un échange de regard, une caresse sur les cheveux d'un enfant qui passe, et puis plus tard une conversation à deux sur les marches de l'escalier et.... encore bien plus tard  ....le dernier  thé, toute  seule en écoutant au clocher de l'église la cloche sonner quatre fois....

Se dire qu'il est bien tard, et qu'il faut quitter le jardin et le laisser s'imprégner de tout ce bonheur là.

...

Lisa Ekdahl - Its Oh So Quiet

Nuit d'été

Je ne sais pas ce qui se passe les nuits d'été...mais tout devient magique...

les couleurs, les parfums, la lumière....

La voix d'une petite fille de quatre ans, qui s'élève toute tremblante et délicate dans le silence   en chantant "joyeux anniversaire",  traverse l'air tiède et devient  fragile cristal.

Et juste avant... elle avait dansé sur ...

Happy Together - Turtles>

L'été court dans le jardin

L'été court dans le jardin bleu, il a la peau dorée de Kiya, les boucles blondes de la petite Lou et les yeux bleus d'Hugo.

Il a le goût des baisers de Justine, Jérémie, Arnaud, Nadège, Annabelle, Karen, Fabian, Flo.

Il le goût de l'affection tendre de ma soeur .

Tous ces noms même si vous ne les connaissez pas tous, c'est l'alphabet par lequel j'ai appris ce qu'aimer voulait dire...

L'été court dans mon jardin bleu, il sème ses pétales rouges partout......

Les premiers baisers du jour

Anniversaire

Les premiers baisers du jour sont venus juste après les douze coups de minuit... j'étais encore à regarder le feu d'artifice à l'envers. Juste les lumières se refléter sur les arbres du jardin, avec mon thé et ma musique... ils sont venus très doux se poser dans la nuit d'été...

Les premières fleurs du jour sont venues dans la matinée, c'était les fleurs de mes hommes....je veux dire ceux de ma fonderie.. Olivier Delmas, et tous ceux qui jours après jours refondent, cisèlent et repatinent mon âme...

Le premier thé de la journée je l'ai bu avec Marco....(et non)....Marco Polo, le thé que Valérie et André-Patric de la Galerie de La Place à Lyon m'ont offert  (je l'avais tant aimé le soir après le vernissage.)

merci , merci pour ces baisers, ces fleurs , ces arômes merci ... pour l'amour qu'il y a dans tout cela.

Curieux objet de sculpture

Non, ce n'est pas un bug...c'est bien la même photo.

La même petite fille. Il se peut que son histoire soit à jamais inachevée.... "attendre", même encore aujourd'hui...attendre encore....que le sculpteur arrive à la mettre au monde.

J'ai du mal, pas une question de technique ...pas une question de temps...j'ai du mal , c'est tout.

Comme le dit "Granfred" dans son commentaire, curieux objet de sculpture.....

Je ne sais pas si je vais la finir....ou je vais peut être aller m'enfermer dans mon placard quelques jours...