Deville-Chabrolle Journal d'atelier (retrouvé !)

Chut Marie

Chut marie,

Garde tes secrets...enfouis les doucement, du bout du doigt dans l'épaisseur du silence.

Ces strates superposées,  de ta vie..garde les en toute légèreté dans ton coeur, suspendues. Aucune ne pèse sur l'autre.

Ne laisse jamais sur d'autres territoires que le tien  la trace de tes pas, le souvenir d'une parole, passe et ne dérange rien, la vie rêvée des autres est si fragile.

Sois translucide , impalpable, personne ne te demande autre chose, glisser entre vie et rêve, comme le souvenir d'un possible..personne ne te demande d'exister vraiment...

Même pas toi...

Les chevaux blancs

La fièvre s'installe,et fait régner son climat personnel sur mon territoire.

Ce n'est plus votre sang qui circule dans le bleu des veines, ce sont des courants transparents qui transportent des bouts de souvenirs,des rêves aléatoires et une fatigue de plomb.

Elle se couche avec vous  dans le lit , se colle à votre peau, s'insinue dans votre cerveau et vous fait son cinéma, chaleur torride, désert , des chevaux blancs traversent la chambre , le sable se soulève et la nuit s'engouffre derrière vos paupières.

Au réveil il peut faire très froid, c'est selon, pendant votre sommeil, ennemie implacable, elle vous a brisé les os et vous restez là, à grelotter en regardant le plafond...

Bien sûr on pourrait encore bouger un bras pour prendre un livre...mais même posé près de vous sur le lit , il semble hors de portée ....tout est hors de portée d'ailleurs....alors reste le plafond, le sommeil , et le temps ......

Les racines de l'arbre rouge

Le médecin a dit "pyélonéphrite, fièvre, tension à 9..."

Alors je suis rentrée chez moi toute traversée de frissons, de courants chauds ou froids, et le front brûlant.

Je me suis coulée dans ma chambre noire et mes draps blancs, j'ai fermé les yeux.

Tout mon territoire intérieur avait changé, les arbres étaient devenus rouges, le sol poudreux et gris, de temps en temps je sentais bien que je frôlais du pied de grands abîmes noirs de sommeil...et bien sûr un vent glacé balayait tout.

C'était épuisant de marcher, contre ce vent, alors je me suis couchée là, entre les racines de mon arbre rouge, roulée en boule, laissant le vent me couvrir peu à peu de la fine poussière  grise du sol.

Quand je me suis réveillée, il y avait des traces de pas à quelques centimètres de moi... quelqu'un qui ne s'était pas arrêté sans doute.

En attendant la rentrée....

Comme de temps en temps sur ce blog, une prise de parole qui ne vient pas de Marie elle-même.
Disons que j'ai besoin de faire des tests pour préparer quelques surprises pour la rentrée... alors voici un petit cadeau musical pour les soirs d'été :

"Down to the river to pray" Extrait de la BO de "O Brother, Where Art Thou?" 

Flo.

Chambre d'accusation

Chambres d'hotel, de passage , d'amis....
Chambre de bonne , chambre claire et chambre à brouillard des physiciens, chambre magmatique des géologues, chambre noire des photographes, la chambre criminelle, la chambre de décontamination, la chambre de compensation, la  chambre froide et la chambre d'accusation ......

Toutes ces chambres ont été une nuit ou une autre synonymes de ... ma chambre.

Quelquefois

Quelquefois je voudrais tenir la nuit toute entière, froissée dans la paume de ma main,la tenir bien serrée et ne la lâcher qu'au petit matin.

Quelquefois je voudrais que des silhouettes livides, arrêtent de parcourir ma nuit dans tous les sens.

Quelquefois je voudrais pouvoir écrire  sur tous les tous les murs de ma chambre, et sur le plafond et le sol aussi , et puis fermer  la porte et m'endormir enfin.