Deville-Chabrolle Journal d'atelier (retrouvé !)

Transparence

7h32 lundi matin.

Je bois deuxième thé du matin,dans le bureau au dessus de cette fontaine qui roucoule jour et nuit..

Il fait doux et le ciel  a déployé toute sa palette de gris.Pas un souffle de vent , les rideaux roses de l'autre côté de l'allée ne volent plus au vent...

La journée s'ouvre comme une nouvelle page blanche, sur laquelle sont déjà écrite quelques "choses à faire", et .....entre il y a les blancs à remplir ou pas, mais aussi il y a les choses qui s'écrivent en transparence.

Arroser le jardin par exemple , certes il y a le moment ou l'on branche le tuyau (categorie "à faire" ) mais à l'encre invisible : regarder l'eau , l'écouter et sentir la terre qui se gorge d'eau, les oiseaux qui profitent de cette manne inespérée, sentir l'odeur de l'herbe mouillée , l'odeur des lavandes qui s'intensifie et emplit le jardin...tout cela assise sur la première marche de l'escalier pendant que le thé coule dans la gorge......

Se reposer  dans le hamac," à faire" mais regarder la vie toute changée par la transparence des voiles...comme lorsqu' enfant on regardait un autre jardin à travers le papier rouge et transparent  des papiers de bonbons... encre transparente.

Et ainsi toute la journée, toute  ces choses invisibles qui ne laisseront aucune trace visible sur la page blanche... et qui lui donneront pourtant son véritable sens, sa chair et sa couleur....

Ma vie en rose

Même pas peur.

J'en ai rajouté encore..... des voiles... roses, rouges, fushia.

Petite j'étais déjà la reine des cachettes, des cabanes dans les arbres, des étoiles collées au plafond de la chambre, des trésors cachés dans le jardin....Maman de là où tu es , je peux te le dire aujourd'hui..

Tous les "bijoux fantaisies" que tu as vainement cherchés...doivent encore être enterrés dans un jardin du "Lot et Garonne".

Les  éternels oiseaux migrateurs que vous étiez , s'étaient posés là , un an ou deux pas plus...et encore dans ce coin nous avions habité trois maisons différentes..

A peine le temps, d'arriver dans une nouvelle école, de s'habituer un peu, de s'entendre dire qu'on avait l'accent parisien?, d'essayer de se faire au moins une amie et on repartait.

Peut être pour ça ...l'envie d'une maison à moi....mais qui, par la force de l'habitude, c'est métamorphosée en  vaisseau.

Une part d'elle

Entre le commentaire que j'ai fait  à Sven qui voulait des nouvelles du "Porteur de chagrin" et de la "Patience du ciel" et ma dernière note.........Dans cet espace laissé libre...une idée m'est venue....

Je vais commencer ma sculpture sur le début d'histoire que je vous ai raconté....et je continuerai à vous dérouler l'histoire...mais si  votre ressenti, vos souvenirs, vous mène sur un autre chemin racontez moi.....qui sait ......

Peut être que celà n'influencera en rien la  sculpture,et puis  là  n'est pas le but

Mais peut être qu'elle générera une émotion particulière, qu'elle se dessinera autrement.... à travers les regards croisés,les angles de vue ,de vie, différents, les ressentis qui se percutent ou s'épousent...

Et puis il n'y a qu'a travers un blog qu'on peut faire ça, ressentir , écrire, écouter le ressenti des autres, faire passer l'émotion de l'un à l'autre comme un fluide...

Je ne sais vraiment pas ce que ça peut donner, mais je sais que j'ai déjà éprouvé cela,  quand au fil d'autres sculptures vous me donnez un peu de vous même, dans vos commentaires

fragile architecture

Moi j'aime la fragile architecture des armatures.

Mon architecture intérieure doit ressembler, j'imagine, à cette photo. Bancale, un peu aléatoire,avec des lignes de force , des ombres portées , des équilibres très improbables, quelques lignes brisées et d'autres qui ne mènent à rien...Mais quand même ...vu de loin....de très loin , ça fait illusion.

On croirait même qu'il y a des cohérences.

Je suis allée à l'atelier regarder , la nouvelle armature...

J'ai imaginé à la base trois grands  galets plats en déséquilibre sur lequel serait posée une toute jeune fille, menue, debout... une adolescente....peut être que l'histoire commencera comme ça...

Elle a ...disons 17 ans , toute en fragilité et en lumière, elle a bien vu que ces trois galets étaient en déséquilibre, mais elle est comme ça. Tout ce qui est en déséquilibre l'attire, la seconde avant le point de rupture des choses, le pas avant le vide.......mais elle.....

Sven

                                                                         A propos de la note Epure: Sven m'a laissé ce commentaire....

En regardant cette épure je pense à ce texte :
Nous sommes nousjamais démasqués, nous sommes nous jamais défaits de notre cuirasse, de notre chemise, de notre peau, de notre chair, de nos veines, jusqu'à en arriver au coeur ? Avons nous réellement fait l'expérience de la nudité, de l'ouverture et du don ? ... CHÖGYAM TRUNGPA Au delà du matérialisme spirituel. SVEN

Au cas ou vous ne l'auriez pas lu, je voulais que ces mots apparaissent ici

Ceci n'est pas un escalier

Depuis plus de cent ans que ma maison existe, je ne sais combien de fois ces marches ont servi de passerelle entre le lourd vaisseau blanc et l'ocean vert sur lequel il est ancré.

Combien de passagers sont passés par là, je l'ignore.

Combien ont su qu'ils étaient des marins, encore moins.

Mais personne j'en suis sûre n'a aimé cette passerelle autant que moi.

Beaucoup ont pensé que ce n'était qu'un escalier. Un lieu de passage....Pas du tout.

Il faut; le soir, très tard,très très tard, être resté des heures entières à regarder la nuit d'été , avoir bu des centaines de milliards de tasses de thé, avoir refait le monde, écouté Casta Diva dans le noir, eu des rendez vous secrets au téléphone à minuit,  pleuré avec sa meilleure amie, regardé le ciel et  vu des étoiles mourir, avoir chaque nuit ,au moins une fois, pensé que de là-haut ...sa mère ou son père..., avoir bercé une petite fille en lui  caressant la joue,  vu une pluie de bulles tomber sur les pierres, avoir décidé que le cinquième point cardinal existait, mais que quoiqu'il en soit ;soi-même on existait pour personne même pas pour soi, avoir dit "Bon, si c'est ça t'as qu'à partir!" et fait celle qu'a même pas mal, avoir serré sa fille dans ses bras, avoir eu le coeur en miette en regardant s'éloigner son fils, avoir pensé qu'à force de rester là sans bouger on deviendrait peut être invisible......enfin.... il faut avoir fait tout cela et une multitude d'autres choses ici précisément et  la nuit bien entendu.....pour savoir à quel point cet endoit, n'est pas un escalier....

Spams ou la nef des fous

Depuis que j'efface par paquets de cent, les spams qui envahissent ce "journal",( y compris l'un de vos commentaires,de temps à autre, Pardon! ou un des miens comme aujourd'hui...(y'a une justice).

Je me dis que nous sommes bien embarqués sur la "Nef des fous".Et que le temps est à l'orage avec une pluie drue de médicaments, des casinos en avalanche,et un tsunami de ..."curiosités sexuelles".

Je suis dans un océan de perplexité...voir des casinos et des médicaments tomber du ciel encore.. on peut poétiser... toutes ces couleurs de pillules, de géllules, d'ampoules muticolores,.. passe...les casinos rutilants qui traverseraient toute la gamme des gris avant de s'écraser dans une gerbe d'étincelles...oui, bon ..faut voir..ça peut être joli ,à condition d'être bien à l'abri....

mais le "bondage slave" par exemple ? bondage ..hum ....j'ai une vague idée ....mais  pourquoi slave?....Non !!!!!! Si il y en à un ou une qui sait ! qu'il le garde pour lui.....je m'en fiche d'être inculte.

Le bel été

Quand je vous écris, il me suffit de tourner légèrement la tête vers la droite pour voir le bel été dérouler ses ors, ces roses et ces verts.

lorsque je suis d'humeur flâneuse comme en ce moment, il suffit de descendre et de s'allonger entre ciel et terre. Au dessus, c'est le chaos des branches et les rêves de la nuit pris au piège dedans.

Le corps ne pèse rien, on redevient petit enfant bercé par le vent , caressé par de légers voiles de soie.

C'est l'enfance retrouvée du bel été.

La vie écrite

Je m'arrête quelques jours...

Deux trois, je ne sais pas.

Envie d'écrire pendants de longues heures. Volets mi-clos. L'été derrière les murs continue à générer la vie,la vraie . Moi à l'intérieur j'en crée une autre avec ses propres lumières, ses nuits et ses jours singuliers.

Ceux qui vivent entre les pages ne connaissent pas notre été, ils déambulent dans une ville étrange et étrangère qu'ils connaissent et moi pas. Je l'invente à chaqu'un de leurs pas.Si l'un, voit un mur devant lui, je suis obligée de le construire à toute vitesse, pour qu'il devienne sa réalité à lui ...

Elle, elle n'existe qu'en creux, elle ne s'exprime jamais.

Ce sont les autres qui disent ,elle a fait ce geste, elle a ce regard, elle a cette silhouette , elle pense que...si bien qu'à force de regards croisés, comme des faisceaux de lumière, à force d'être de plus en plus cernée ,ciselée par les mots des autres elle finira par être .

Par exister comme une surface blanche sur une feuille de papier couverte d'une écriture fine et serrée.

Mais personne ne pourra jamais pénétrer dans l'épaisseur de ce vide là.

Dans la densité du papier.

Nos vies rêvées

Tous les insomniaques me comprendront. la nuit, toutes nos vies rêvées se démultiplient.une conversation téléphonique de la journée la journée, devient ,si elle se passe à une heure ou deux heures du matin, une confidence, un secret partagé, ou un jeu c'est selon....

Le jardin bleu,si familier se met à user de tous ses sortilèges, les arbres grandissent, deviennent plus sombres, que le vent se lève et c'est un océan qui vous entoure.

Le temps devient fluide, passé présent ...cette petite fille qui passe dans la nuit pourrait être kiya ou la petite Marie.Juste une ombre qui passe.

La nuit blanche est une immense page vierge où écrire la vie rêvée qu'on s'est choisi.