Deville-Chabrolle Journal d'atelier (retrouvé !)

La funambule des chambres closes

Une heure de l'après midi.

Tout d'un coup, un gros coup de fatigue, de" plus envie"....
J'aime plus ma sculpture...
Atelier fermé...
Retour sous la pluie à la maison...
Froid.

Alors dernier refuge
Ma chambre- volets clos.
Le chaud du lit
lumière filtrée
juste pour éclairer les pages d'un livre...

Et je pars ailleurs
dans le blanc des pages
sur le fil noir des mots.
Funambule...

Jusqu'au sommeil translucide
qui se pose aérien
comme une brume légère.

Sommeil volé à la nuit
ce sommeil transparent
qui fait pas peur.

Un mètre carré d'univers

Une nouvelle Demoiselle est en train de naître à l'atelier...

j'ai encore travaillé comme si ma seule raison de vivre tenait à ces quelques grammes de terre...

C'est faux bien sûr .
Mais quand je suis dans mon atelier, sur une nouvelle sculpture, toute mon énergie, et ma concentration sont là.

Concentré sur ce mètre carré à peu près dans lequel j'évolue, ce mètre carré sur lequel ma sculpture tourne sur elle même, et le monde sur son axe.

La planète la plus proche de ma terre, est la cuisine avec ma théière, quelques années lumières à peine....

Mon minuscule système solaire,  tourne sur lui même  très très loin  de toute autre forme de vie....

mes outils

C'est la vie de tous les jours de l'atelier..les outils plein de terre, la barbotine, les paquets de terre....

Je finis par ne plus les voir, ils sont devenus une sorte de prolongement naturel de mes mains, familiers, et indispensables...
les yeux fixés sur la sculpture en cours je les retrouve sans les chercher à l'aveugle...
Il y en a quelquefois 5 ou 6 du même modèle et pourtant je connais l'usure particulière de chacun .
Et la forme d'usure de celui ci sera particulièrement adapté à une joue ou à une chute de rein...
Il n'y a que quand je les nettoie ( en général tous en même temps....voir : Crise ménagère) que je les regarde de nouveau avec attention et.... avec tendresse, mes outils

Erotique?

On me dit un peu plus "érotiques" les deux dernières sculptures?

je le ressentais aussi avant de me rendre compte que finalement elles étaient plutôt plus couvertes que certains de mes nus .

Alors c'est sans doute, dans l' entr'aperçu, dans le petit bout de peau caché, dans "l'air de rien".....ou dans la suggestion des titres?
Mystère , mystère

Le Bon-Dieu sans confession

Ce qu'il y a de commun entre les sculptures et "les vrais gens" c'est qu'on ne sait jamais ce qu'ils ont dans la tête.

Regardez celle ci par exemple on lui donnerai le bon-Dieu sans confession.

Mais sous ce front lisse, ces paupières baissées et ces lèvres closes .....
Moi j'imagine ce poème d'Emily Dickinson

The Heart asks Pleasure -first-
And then- Excuse for pain-
And then thoses little Anodynes
That deaden suffering.

And Then-go to sleep-
And then- if it should be
The Will of it's Inquisitor
the Luxurie to die.
poème que j'ai trouvé sur l'excellent site de Guess Whou and Where
Avec la traduction qu'il en a faite

Le coeur veut du plaisir -d'abord-
Ensuite des raisons de ne pas souffrir-
et puis ces petites choses
qui adoucissent la souffrance.

Ensuite -dormir-
Puis si tel est le plaisir
De son Inquisiteur
Le luxe de mourir.

Pudeur?

Ne dites rien...
ELLE N'EST PAS FINIE!!!

Je sais.... comme on ne voit pas ses mains ça fait un peu bizarre ce tissu qui tient tout seul...

N'empêche , je ne sais pas si c'est le printemps mais je trouve ces demoiselles d'une sagesse toute relative en ce moment...

Demain j'en ai encore pour une bonne journée de travail pour lisser le dos, terminer le drapé derrière, faire les mains qui tiendront le tissu...

Il faudrait que les contours du buste et des hanches soit plus visible et puis ensuite ...revoir tout l'ensemble.

Pendant ce temps je réfléchis sur le thème du mur de nouveau, une version très différente, très épurée, plus méditative...

Bon ......faut déjà que je termine celle ci...mes mains n'arrivent pas à suivre mes idées...

vol de nuit

Voilà, la journée s'achève et "le désordre amoureux" aussi...

Je ne sais pas comment j'avais pris mes mesures mais elle ne fait que 34cm de haut...

Finalement on ne le voit pas très bien sur la photo, mais j'ai traité l'étoffe, avec une matière, mais moins épaisse que sur la première esquisse.
Toujours un petit coup de blues à la fin d'une sculpture...

J'ai une autre idée pour demain....
mais il peut encore se passer tant de chose dans la traversée d'une nuit....

le glissement du bleu

Je suis un peu allée à l'atelier cet après midi.

Pas longtemps.

j'ai travaillé une petite heure au "désordre amoureux" (finalement je lui garde ce nom plutôt que l'amante du vent...)
c'est plus proche de ce que je voulais exprimer...et moins redondant, plus simple.

Et puis au moment de partir alors que j'avais baissé le grand volet roulant de l'atelier...
je me suis retournée et je l'ai vue, elle," La nomade..."
je l'avais un peu oubliée parce qu'elle est toujours dans mon dos quand je travaille.

Et là elle semblait flotter un peu irréelle dans cette lumière douce de fin d'après midi.
toute caressée de reflets pâles bleus, gris, blancs....comme sculptée dans du pur silence

Mon coeur s'est serré, je ne sait pas pourquoi....

le désordre amoureux

Titre provisoire l'amante du vent pour cette petite sculpture de 43 cm...
Parce qu'a n'en pas douter celle ci est amoureuse.

Le désordre amoureux est présent partout, elle offre sa peau aux caresses du vent, il met du désordre dans ses cheveux, dans ses vêtements...j'ai utilisé la même technique que pour la cape du "Pèlerin"

Mais il me reste à travailler l'étoffe, pour donner le sentiment d'un tissus plus léger...et de plus de mouvement....

Mais c était assez pour aujourdhui....

l'éclat des perles

Sincèrement je ne crois pas que cela apporte un plus...ou enlève quelque chose à la sculpture....

Mais j'aime tellement ce tableau de VERMEER et puis faudrait voir avec la patine et des couleurs qui s'accordent..

D'ailleurs ceci m'a donné une nouvelle idée...mais je vous en parlerai plus tard...dites moi ce que vous en pensez....