Deville-Chabrolle Journal d'atelier (retrouvé !)

Le nuage de Kiya

Ma petite-fille m’a regardée de ses grands yeux noirs et m’a offert ce nuage et sa neige.

Hasard me direz-vous…coïncidence….
Moi je dis que les enfants savent.

Les enfants savent….où vit notre âme
Quand ,nous même, nous l’ignorons encore.

Alors je lui ai montré où devait vivre son âme à elle..
Dans le rouge de la joie et la chaleur.
Autant de bougies que de jours la séparant de Noël
Chaque soir quand elle rentre de l ‘école.
Le salon n’est éclairé que par le sapin, des bougies parfumées et le plateau "calendrier"
Elle souffle une bougie , une seule….celle du jour qui prend fin

La danseuse d'Izu 3

Shizuko et moi étions inséparables.

Même si chaque journée semblait une haute nuit d’hiver
Nous aimions notre vie.
Même si elle nous imposait de n’exister qu’enveloppées de silence
Nous aimions notre vie.

Dés l’aube froide, le bain, et les massages d’huiles parfumées étaient notre premier pas dans le jour.
Puis les servantes glissaient à même notre peau nue, un premier
Kimono d’une blancheur immaculée, en toile de Chijimi. Ce tissu plus fin et impalpable que la soie.  C’est dans la neige que le fil est filé, dans la neige qu’il est tissé, lavé et blanchi depuis des âges et des âges…
Ce tissus qui n’existait que parce que la neige existe.

Le reste de la journée,  jusque tard dans la nuit était dédié à l’apprentissage de la poésie, de la philosophie, de la calligraphie, de la musique et bien sûr de la danse.
Quand nous apprenions geste après geste le rituel des danses il était possible de parler, d’interroger la maîtresse de danse.
Un soir à la fin du cours je lui demandais pourquoi apprendre la poésie ou la musique puisque jamais nous ne pourrions nous exprimer devant qui que ce soit…Elle me regarda longuement et me dit…. »Petite fille d’IZU, c’est avec ton âme que tu danseras, pas avec ton corps"

Le sculpteur 3

Hier soir en allant me coucher, parmi les livres alignés sur les étagères blanches de ma chambre.

J’ai feuilleté, un livre sur l’architecte Tadao Ando, il y avait juste à coté un  livre sur les estampes japonaises…passant de l’un à l’autre j’ai été attirée sur l’une des estampes, par l’accumulation des kimonos et la richesse des motifs…par Internet je me suis renseignée plus avant …les femmes pouvaient en porter jusqu’à douze superposés , chaque forme et décor avait sa signification et renseignait sur le statut social, l’âge, etc…

Revenant à mes préoccupation de sculpteur je me demandais comment articuler ces deux choses; la superposition des vêtements des matières que j’avais envie de traiter depuis quelques temps et l’autre, cette silhouette dansante et longiligne qui était à l’atelier et que je ne voulais en aucun cas masquer, ni alourdir..
C’est sans doute l’écueil que je n’avais pas su franchir avec « Pays de neige »…….

Ironie

                                                                                                                 Je voulais vous faire la surprise mais je ne tiens plus...

Voila jeudi dernier, France-Inter m'a téléphoné pour me demander une interview téléphonique sur le blog...

Je ne sais pas quand ça passera mais je vous le dirai... bien sûr..

Après les doutes de ces derniers jours et ce gros coup de blues.... L'ironie de la vie est assez... décapante.

La danseuse d'Izu 2

Elle ne sais pas qui je suis et pourquoi je suis ici.
Je le vois dans son regard.
Elle reste de grands moments à m’observer , assise sur une chaise,
son menton posé sur sa main.
Puis elle se lève et travaille des heures, comme si quelque chose était devenu évident.

Ce qu’elle semble savoir intuitivement c’est qu’il y a une relation entre sa précédente sculpture « Pays de Neige » et moi…Mais elle ne sait pas encore à quel point bien sûr.
D’ailleurs son titre est presque juste…Mais pays de neige n’est que le nom du lieu  d’où nous venons.

« Pays de neige » était mon amie et son nom était Shizuko. …..

Le sculpteur 2

Depuis deux jours il fait de plus en plus froid.
Le givre commence à apparaître le matin .

A l’atelier il fait bon..

Deux jours de travail sur ma sculpture et la silhouette s’est dégagée.
Précise , stylisée comme trait de plume.
Pleine et déliée à la fois.
Deux jours d’épure.
A la recherche de la ligne la plus fluide, la plus pure .
En contre- jour elle me fait penser à une sorte de danseuse
Dont la terre aurait figé le mouvement…

Je n’en sais pas plus sur elle.

La danseuse d'Izu

C'est comme celà qu'on m'appelait.
La danseuse d'Izu.

La légende veut que nous venions de la péninsule d'Izu.
Près du mont Amagi.
Dans ce un village perdu au milieu de montagnes enchevétrées, l' on ne pouvait accéder qu'à pied.

On dit que c'est pour leur caractéristiques physiques, que
l'empereur envoyait chercher de très jeunes filles .
Elles devaient avoir un long cou, une taille fine et souple et des hanches pleines.
De plus comme le Mont Amagi était toujours entouré de  brouillard comme une nuée d'oiseaux blancs, leur peau  était fine et très pale .

Après des années de discipline , seule les meilleures d'entre elles et dans le plus grand secret, étaient initiés aux danses sacrées.
Mais dans le même temps leur existence devenait vouée à la solitude,au silence, à la méditation et à la danse.

Si je vous raconte tout ceci c'est parce qu'au fur et à mesure que je prend chair dans l'atelier du sculpteur mes souvenirs s'effacent comme des illusions de cristal...

Le sculpteur

Jeudi 14 décembre.
Il fait froid, le brouillard épais a absorbé bruits, mouvements, et couleurs.
En allant à l'atelier,plus de paysage qui défile...juste ce gris infini.
J'ai commencé,une nouvelle pièce...armature, métal froid... heureusement la terre...
J'ai commencé à l'encontre de mes habitudes par le visage.
Pour voir..
Je l'ai posé ensuite sur mon armature, et amorcé les épaule.
J'ai regadé ce minuscule visage.. longuement,j'ai trouvé le cou un peu  long, mais finalement je l'ai gardé comme ça.
On verra plus tard mais j'aime la fragilité qu'il exprime..

Comment renoncer à cette grâce ?

#8 Une affaire d'hommes

Journal d'Atelier Episode #8
Une affaire d'hommes...

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Gros coup de Blues

Quand le bateau prend l’eau
Il y a la famille, les amis.
Qui prennent le relais, qui vous permettent de souffler un peu.

Pour dédramatiser un gros coup de blues,
Pour me faire sourire , pour vous faire sourire, Flo a fait la vidéo que vous verrez demain...
Le pire, (le mieux) c’est qu’elle y est arrivée en ce qui me concerne.

Alors voilà, aujourd'hui je suis sortie un peu, respiré un grand coup
on a fait le sapin de Noël pour Kiya, et ce soir je vous ai lu....sur le blog ou sur ma messagerie
et je me suis dit qu'il faisait décidement trop froid  en "Pays de neige" et que ce n'était pas la-bas qu'on se réchaufferait le coeur....