Deville-Chabrolle Journal d'atelier (retrouvé !)

Pleins et déliés

Ma petite ronde s'harmonise...
les formes  se mettent en cohérence, il y a quelque chose de plus fluide à l'oeil...

Encore quelques corrections demain et lissage du dos...

Ailleurs, les bronzes et les tableaux commencent à arriver à Paris, ils en sont à "l'accrochage" ce qui dans le jargon vous l'aurez deviné est la mise en place des tableaux et des sculptures...

Beaucoup plus difficile qu'il n'y parait ...d'autant qu'il y aura des peintres et des sculpteurs différents , donc il faut que tout s'harmonise, que personne ne soit lésé dans la mise en valeur de ses oeuvres, et que la vue d'ensemble reste belle....

Ailleurs Olivier met la dernière main à la nomade qu'il livrera la veille du vernissage.

Et enfin ailleurs encore, Antonio essaie de se débrouiller avec ma frénésie de sculpture...son atelier est plein, il ne pourra pas venir mouler" Dans le cercle imaginaire" avant au moins une semaine....
Ça m'ennuie un peu parce qu'il y a des parties fragiles, et que lorsqu'il pourra enfin venir....
il y aura au moins deux voire trois sculptures qui l'attendront à l'atelier....

Je vais faire une grande pièce un peu difficile que j'ai en tête pour que ça me prenne un peu de temps et qu'Antonio arrive à me rattraper....où alors je prends des vacances...ou alors ...ben..... je sais pas moi.....

Eloge de la rondeur

Deux jours sans atelier...

Alors ce matin, la jubilation de reprendre la terre, de la toucher, de la sentir s'écraser entre les doigts.
Après toutes ses belles languides, éthérées, voilées dévoilées, longues comme des tiges.

J'ai eu envie d'une femme fruit.
Toute en rondeurs et en pulpe.
Avec un ventre rond, des seins gorgés de vie, des bras potelés.

Après une seule journée de vie elle sort à peine
du ventre humide de la terre, elle est pleine d'imperfections, et mal dégrossie....mais j'aime l'idée cette belle   charnue et appétissante.

Dans le cercle imaginaire

                                                           Pardon,  j'ai un peu   négligé le "journal" ces jours ci..
Jérémie et kiya vont déménager dans leur nouvelle maison...j'ai prêté main forte à l'aménagement...et puis pour changer j'ai travaillé...

Voilà...j'ai mis le point final à ma sculpture , elle s'appelle:"Dans le cercle imaginaire", elle mesure 73 cm, et 25 de large à peu près....

Celle ci m'aura donné du fil à retordre mais , je suis contente de ne pas avoir baissé les bras...

Il n'en reste pas moins vrai que je suis un peu vidée, et que la perspective d'un vernissage le 29 Mars ne m'enchante guère....même si c'est un vernissage de groupe, même si ce n'est qu'un soir...
Il va falloir que je m'extirpe de mon atelier, de ma solitude, de mon jardin, de mon silence et que je sois un peu moins sauvage  et ça j'appréhende toujours un peu.... oh je sais le faire, bien sûr...depuis tant d'années...mais ça n'est toujours pas mon exercice préféré .

to be or not to be

Voilà on y est....

c'est comme ça que je la voulais fluide, aérienne, glissant sur la réalité sans presque la toucher, un peu ailleurs.

Ce n'était pas vraiment tout à fait l'idée de départ, mais c'est toujours , par delà l'idée, l'état dans lequel je me sens, que je finis par sculpter.

Je ne sais pas si je dois m'en réjouir ou pas, et à vrai dire ça m'est un peu égal...quand je veux traduire quelque chose de précis je sais le faire aussi.

Mais j'ai remarqué que plus mon esprit est polarisé   par le côté technique de l'affaire, plus mon inconscient s'imprime totalement dans la sculpture.

Et si vous aviez demandé autour de moi comment j'étais ces jours ci....on vous aurait dit..." Ben...tu la connais... elle est plutôt silencieuse, elle est ailleurs....!

70cm de contrariété

Et de trois!

les plis changent , s'épurent petit à petit.
La position aussi, le corps s'est penché de quelques  quelques millimètres plus à gauche...
le bras à droite est maintenant allongé un peu derrière la hanche...

On dirait le jeu des 7 erreurs...

Maintenant c'est la manche gauche qui ne va plus et...je crois qu'il faut que l'autre bras apparaisse plus..

bon, ben....c'est pas encore ça....
à demain si je ne l'ai pas écrasée à coups de batte de baseball......
Comment 70 cm de terre peuvent vous pourrir la vie!!!!!

la subtile balance

Toute la journée sur cette petite pièce de 70 cm à peine....

J'avais regagné du terrain en stylisation et équilibre, par rapport à samedi et puis j'ai rajouté sur le bras plié la manche et .....de nouveau on perd en lisibilité......

A revoir demain!!!!!

La leçon à tirer....." cent fois sur le métier etc....etc....."
ou encore
Si certaines pièces viennent en 48h , d'autres pas plus difficiles ...ont un équilibre, une justesse plus instable..

Je vais essayer autre chose demain avec ce bras, la "possible" solution m'est apparue ce soir en voyant la photographie...on verra..

La funambule des chambres closes

Une heure de l'après midi.

Tout d'un coup, un gros coup de fatigue, de" plus envie"....
J'aime plus ma sculpture...
Atelier fermé...
Retour sous la pluie à la maison...
Froid.

Alors dernier refuge
Ma chambre- volets clos.
Le chaud du lit
lumière filtrée
juste pour éclairer les pages d'un livre...

Et je pars ailleurs
dans le blanc des pages
sur le fil noir des mots.
Funambule...

Jusqu'au sommeil translucide
qui se pose aérien
comme une brume légère.

Sommeil volé à la nuit
ce sommeil transparent
qui fait pas peur.

Un mètre carré d'univers

Une nouvelle Demoiselle est en train de naître à l'atelier...

j'ai encore travaillé comme si ma seule raison de vivre tenait à ces quelques grammes de terre...

C'est faux bien sûr .
Mais quand je suis dans mon atelier, sur une nouvelle sculpture, toute mon énergie, et ma concentration sont là.

Concentré sur ce mètre carré à peu près dans lequel j'évolue, ce mètre carré sur lequel ma sculpture tourne sur elle même, et le monde sur son axe.

La planète la plus proche de ma terre, est la cuisine avec ma théière, quelques années lumières à peine....

Mon minuscule système solaire,  tourne sur lui même  très très loin  de toute autre forme de vie....

mes outils

C'est la vie de tous les jours de l'atelier..les outils plein de terre, la barbotine, les paquets de terre....

Je finis par ne plus les voir, ils sont devenus une sorte de prolongement naturel de mes mains, familiers, et indispensables...
les yeux fixés sur la sculpture en cours je les retrouve sans les chercher à l'aveugle...
Il y en a quelquefois 5 ou 6 du même modèle et pourtant je connais l'usure particulière de chacun .
Et la forme d'usure de celui ci sera particulièrement adapté à une joue ou à une chute de rein...
Il n'y a que quand je les nettoie ( en général tous en même temps....voir : Crise ménagère) que je les regarde de nouveau avec attention et.... avec tendresse, mes outils

Pudeur?

Ne dites rien...
ELLE N'EST PAS FINIE!!!

Je sais.... comme on ne voit pas ses mains ça fait un peu bizarre ce tissu qui tient tout seul...

N'empêche , je ne sais pas si c'est le printemps mais je trouve ces demoiselles d'une sagesse toute relative en ce moment...

Demain j'en ai encore pour une bonne journée de travail pour lisser le dos, terminer le drapé derrière, faire les mains qui tiendront le tissu...

Il faudrait que les contours du buste et des hanches soit plus visible et puis ensuite ...revoir tout l'ensemble.

Pendant ce temps je réfléchis sur le thème du mur de nouveau, une version très différente, très épurée, plus méditative...

Bon ......faut déjà que je termine celle ci...mes mains n'arrivent pas à suivre mes idées...