Deville-Chabrolle Journal d'atelier (retrouvé !)

Le "Zapping de Canal"

Et ça c’est pas un test.
Je l’ai regardé hier soir. Parce qu’en général je trouve ça bien fait un peu caricatural mais révélateur.
Et puis hier  je ne sais pas, c’est peut être moi, peut être les sujets abordés , en plein milieu j’ai été prise d’une vraie nausée, mais physique… pas à cause du Zapping mais de qu’il révélait de nous… de notre monde… Absurdité, bêtise et violence.
Je sais c’est le but même de l’émission.
Mais ce soir-là, déjà plein de ce que je vous racontais plus haut, je me suis vue comme ces vieux qui ne comprennent plus le monde dans lequel ils vivent…
Les vieux, les vrais comme je les aime…
Les vieux comme moi… qui ne peuvent plus comprendre le monde dans lequel ils vivent, parce que ses règles, ses enjeux, et ses serviteurs, leurs sont étrangers.
Alors ils se retirent parce qu’ils y a des combats qu’il est inutile de mener.

Alors voilà ce n’est pas une critique de la société, ni de la télévision, ni d’Internet que je fais là… j’en suis bien incapable. C’est juste une critique de moi-même. À peine un constat.
Et qu’ayant fait ce constat je me dis qu’avec ce blog il se peut que je serve sans le savoir des Dieux que je ne respecte pas.
Et aussi que peut être ma petite fille, qui elle sera de ce monde-là, pourrait un jour avoir honte de moi et de mes dérisoires commentaires sur les gâteaux secs ou ses petits souliers rouges…
Et que…
Et que…
Et donc logiquement je pense arrêter le Blog quelque temps…
Me retrancher un peu plus dans ma bulle atelier.
Oh même pas par éthique !
Par lâcheté.
Simplement pour fuir le monde tel qu’il est.
Simplement parce que je ne comprends plus rien à ses règles.
Simplement parce que je rêvais…. et que les rêveurs devraient aller rêver ailleurs… entre leurs 4 murs.
Et leur jardin bleu.

Et puis il y a vous

Et puis il y a vous….

Et dans tout ce chaos là, vous êtes sans doute la seule chose qui donne du sens, et qui console.

Mais je vais fermer les commentaires sur ces trois notes, parce que je m’étais juré d’être toujours sincère et que ce que je ressens là …fait partie des choses que l’on a besoin de dire a des amis …mais dont on a pas forcement envie de débattre.
Il y a mille raisons de ne pas avoir la même analyse ou le même ressenti que moi….je n’en doute aucunement.

Et le blog ne ferme pas…Flo prépare des vidéos et moi…
Moi, je voudrais vous revenir plus riche, vous donner plus qu’une petite note triste écrite le soir à la va vite au retour d’atelier.
Marie

Quand elles partent

                           

  Le titre était venu en premier, "Pays de neige".                                    
Et l'image de ma sculpture,  très claire.
Elle était vêtue d'une multitude de vêtements superposés, de matières différentes voire même de motifs différents...

Désir de jouer sur des plans,sur des matières.
tout en essayant de conserver  grâce et le mystère.

Et puis... cela arrive souvent...la sculpture vous échappe
en cours de route...et  c'est son histoire qui s'impose...

Comme si vous n'étiez que l'instrument qui lui permettrait de naître.
Pays de neige aujourd'hui est partie...

Je me demande pourquoi l'autre "Pays de neige", celle que moi j'avais vue, n'est pas venue à ce rendez vous ?

Antonio

Parce que sur les vidéos je suis  tellement concentrée que j'ai toujours  l'air d'être fermée et triste.

Parce que quand j'écris mes notes c'est toujours, la nuit tombée, après une journée de travail et que je suis toujours un peu fatiguée.

Parce que je ne suis pas naturellement d'une gaité folle.

Je voulais vous montrer cette photo d'antonio:
1) Parce qu'il le vaut bien
2) Pour vous montrer qu'on s'amuse  aussi à l'atelier même si on y travaille  dur et peut être parce qu'on y travaille dur.
3)Et enfin parce que j'aime que vous connaissiez ceux que j'aime.

Les p'tits LU

Trop longue, trop dense, pour vous raconter la journée d'hier.
Antonio est venu mouler la troisième "Enfant liane" et "Pays de neige" en même temps.

Moi j'ai fait "assistante-mouleur", j'ai tourné quelques images pour vous, chargé avec les garçons deux camions pour la déchetterie, et des milliards d'autres choses.

Heureusement vers 16h, Antonio et moi, on s'est fait la "Pause thé et p'tits LU "et ça, c'était le bonheur..

Dans l'atelier, le plateau posé sur une sellette de sculpteur, le thé et les p'tits LU.
(Bon, il n'y a que la sellette qui l'a mal pris des passer de porteuse d'oeuvre d'art, à desserte de cuisine, mais si on s'arrête, aussi, sur les états d'âme des objets on en finit plus.)

Le p'tit LU c'est magique parce qu'à peine vous en avez croqué un coin , c'est toute votre enfance qui revient... la table de la cuisine avec le chocolat chaud, la cour d'école, sauf qu'à l'époque ils étaient entouré de papier d'alu rouge, bleu ou vert...

et moi... déjà ........ je découpais des étoiles dedans.... on ne change pas vraiment!!!

Fin de l'hiver

"PAYS DE NEIGE" est complètement finie.....

Antonio ne viendra que mercredi.

Alors je l'ai bien enroulée dans ses linges, ses plastiques... et j'ai commencé le rituel de fin de sculpture... nettoyer la table, balayer, faire le grand ménage et nettoyer chaque outil un par un.

Et après sous la petite lampe de la cuisine, me faire le dernier thé de la journée, assise sur le fauteil en osier...

Dehors nuit sur le petit jardin.

Reflets les dalles de la terrasse  mouillées.

Le temps passe, je me dis qu'il faudrait bien rentrer à la maison...

Mais je suis bien là dans la lumière douce, entre le saule et la rivière......

Sans réponse

Je me demande ce que deviennent tous les mots qu'on a décidé de ne pas dire.. est-ce qu'on a comme les ordinateurs une "mémoire morte" où l'on retrouverait les mots d'amour qu'on a pas sû dire à... la phrase cinglante que méritait.. les mots de chagrin qui nous sont restés au bord du coeur quand..?.

Je me demande pourquoi je n'arrive jamais à me mettre vraiment en colère... pourquoi elle reste toujours au fond de moi silencieuse et froide et muette.

Je me demande en regardant le visage de "Pays de neige "comment je peux si bien exprimer la serennité quand moi je ne la ressens  jamais.

Je me demande ce que font, ressentent , vivent les hommes que j'ai aimé... maintenant... au moment où j'écris
Je me demande quels souvenirs garderont de moi mes enfants, nièce neveu et ma petite fille quand je ne serai plus là, est-ce qu'ils feront comme ça nous arrive encore,  si souvent, ces grands repas d'été où un peu tard dans la nuit en général, quelqu'un lance "tu te souviens quand maman disait... ou faisait  et que chacun égrenne ses souvenirs..."
En hiver on a plus tendance à garder ses souvenirs ou ses chagrins pour soi...

Je me demande si ce n'est pas quelquefois, en tout cas, pour ma soeur et moi, juste le bonheur de pouvoir encore, avoir sur la langue la douceur des mots maman papa, voir immédiatement leur image et sentir cette chaleur douce de "quand ils étaient encore là..."

je me demande ......mais je crois que je n'ai pas envie de connaitre les réponses....

Un dimanche

Se lever le matin.
Voir derrière les rideaux, un soleil tout froid.
Dérober à un dimanche ordinaire quelques heures, et les disposer tout autour de soi, dans l'atelier désert, pour travailler encore un peu au drapé.
Oublier l'heure , bien sûr.
Et finalement  arriver quand la famille en est au café,et choisir un thé .
Les voir sourire de mon éternel retour d'atelier différé.... partager la chaleur un moment.
Se glisser ensuite dans sa chambre pour finir "Une Année sous silence" de Jean Paul DUBOIS.
se dire qu'on a preferré le précédent "Tout les matins je me lève"
mais commencer tout de suite le suivant "Les poissons me regardent"
S'avouer une seconde, qu'on est vraiment une lectrice obsessionnelle...
Et puis l'oublier dès qu'on lit l'exergue
"Tous ces gens bizarres frappent à ma porte. trop de gens bizarres.
je ne sais pas ce que nous allons devenir.Il nous faudra beaucoup de chance et la mienne est en baisse."
Charles BUKOWSKI
Sourire et se dire qu'on est déjà sur la bonne  longueur d'onde...Jean-Paul, Charles et moi...

Au bout d'une heure laisser le livre glisser de sa main et le sommeil prendre possession du temps...

Rigueur et Poésie

la photo date d'hier...j'ai oublié mon appareil à la maison...
Mais aujourd'hui j'ai passé la journée uniquement sur le drapé...
De 9h à 19h non stop.

J'adore faire des drapés..ça m'a toujours fascinée...donner la sensation d'un voile transparent collé à la peau, le tombé d'un drap lourd, la cassure des plis, ou l' envol, le mouvement, le poids, la matière.....
C'est un travail d'une rigueur absolue, un travail de logique, d'esthétique et de poésie...

Passer sans arrêt de l'infime détail, à la vue d'ensemble,
Regarder chaque pli examiner si son épaisseur,de face, de profil est dans la logique du tissu, dans celle de son emplacement, mais aussi, si dans l'ensemble il doit accompagner ou contrarier une courbe, la renforcer sans l' alourdir......bref! je sais bien qu'Antonio va me détester (rien de plus difficile à mouler) sans parler des ciseleurs chez Olivier....mais j'aime trop ça.....

Et en plus demain.... je voudrais tenter des motifs sur les tissus lourds...et en relief en plus....

Bon je tâcherai de trouver un avion pour l'Uruguay ou la Patagonie, enfin n'importe où mais loin.....quand Antonio sortira la terre de ses linges

les replis du silence

Elle disait :"Qu'aucune étoffe, aucune fourrure ne la rechauffait jamais."

Alors j'ai essayé de la recouvrir de tissus lourds, qui tombent jusqu'a ses pieds, d'y ménager des plis assez amples pour qu'elle puisse y cacher ses secrets, son silence ou sa peine.

je vais encore y travailler aujourd'hui.

Sans doute en pure perte, parce qu'il y a cette sorte de froid en soi contre lequel on ne peut rien....