Deville-Chabrolle Journal d'atelier (retrouvé !)

Le déploiement des bleus

Quand le portail blanc du jardin se referme dans mon dos...il y a toujours ce moment magique...

ce moment ou j'aperçois la maison , le mur de pierre qui la protège et les grands arbres qui veille sur elle.
L'un d' eux est son amant depuis longtemps....
Chaque année on élague les branches qui caressent le toit et qui menacent la cheminée...

Mais chaque année il revient vers elle, pour ce tendre attouchement de ses feuilles sur le gris soyeux du  toit de la maison.

Quand je suis assise sur mes marches , quand  la brise vient faire tanguer toutes ces couleurs des verts argentés surgissent, des bleus secrets et denses, des mauves inespérés et des violets foudroyants...

Le menton posé au creux de la main je regarde ce  troublant bouleversement des couleurs et c'est là que m'apparaît dans son évidence "le jardin bleu".

Comme une lame de rasoir

Alors au bout d'un moment je fais comme je faisais toute petite à l'école .....je me jette par la fenêtre...

Enfin je veux dire je commence à regarder par la fenêtre et je m'envole...
Au même moment ...le monde... le bruit, les gens  tombent sans faire plus de bruit qu'une perle qui glisserait au fond de l'eau profonde.

Moi j'effleure du bout des ailes le gris des toits et après c'est le grand ciel libre, je glisse entre les nuages, je fais longues courbes idéales  et glacées  comme une lame de rasoir, je n'entends  plus que l'infime sifflement  du bout de mon aile qui coupe le silence en deux ..

Alors bien sûr quand quelqu'un brutalement me dit "Vous voulez un petit four au foie gras et aux lentilles vertes?"

Alors là, oui bien sûr, évidemment j'ai l'air d'une ahurie!!!

Des pourquoi?

Mais c'est pas la faute des autres...non, non...
Au contraire...
C'est juste que  là, plantée au milieu, j'étais un peu comme ma sculpture...

Parce que je ne sais pas aller vers les autres

Parce que je passe trop de temps à les regarder et à avoir la tête ailleurs...

Parce que j'essaie de comprendre les codes selon lesquels ils fonctionnent et qui me sont toujours un peu étrangers...

Parce que quand le photographe me dit qu'il faut poser comme ça ou comme ça...je le regarde et je ne peux pas m'empêcher de penser..."Mais pourquoi?
qui a décidé que c'était mieux comme ça...parce que le but c'est de donner qu'elle image? et pourquoi c'est cette image là qu'il faut donner?"

Bref ...vous voyez bien quoi...

Le palais des miroirs

Bon d'accord , c'était somptueux....

Daum avait fait les choses avec élégance et classe comme d'habitude...

Il y avait plein de monde..
Nous les"Artistes on avait tous accrochés sur le pull, la robe ou la veste  une orchidée mauve...
pour qu'on se reconnaisse entre nous ou pour qu'on nous perde pas... ou qu'on se morde pas...j'sais pas moi...
On a fait la photo de groupe rien que ceux qui étaient décorés de l'orchidée...

J'ai fait la connaissance de BEN et de RICHARD et d'autres artistes mais j'ai pas retenu tous les noms..
J'ai regardé les gens....beaucoup..
J'ai bu un cocktail sans alcool de fruits rouges.
J'ai fait des photos .

Je sais ...je manque un peu d'enthousiasme...mais c'est pas vraiment ça...Le seul truc qui n'allait pas dans le décor c'est juste moi.

DAUM

Demain il faut que j'aille faire l"Artiste"  à partir de 17h à Paris..

C'est Zen, la troisième sculpture de moi que DAUM édite...rebaptisée pour l'occasion Athéna...

Et demain DAUM présente sa nouvelle collection, avec présentation des artistes aux journalistes, interviews, et après cocktail avec leurs clients privilégiés et leurs actionnaires....

Je suis très à l'aise......heu!.... même pas peur...C'est juste que je me sens un peu malade...

Anne

Enfin il est arrivé!

Bon..... je sais il est accroché trop bas, mais je n'ai pas pris le temps de  faire un autre trou...
trop pressée, de le voir , de le poser.

Le tableau je l'adore, son titre aussi.."Les écrits mélancoliques"

Anne Bachelier m'avait donné le choix parmi tous les tableaux de la galerie.... en échange de  "la petite Marie"

Pffffffff ! j'ai mis un temps fou, à me décider...parce que tous me plaisaient..Et aujourd'hui il est là ..

Bon, Adobe a un peu transformé les couleurs de ma maison. Les murs sont pas roses du tout...Franchement on dirait la maison de Barbie!

Bon, On s'en fiche le tableau est là et je l'aime....

Anne merci!... merci
Ah si tu lis le blog..."la petite Marie" sort vendredi de la fonderie....mais je te fais un mot.

Fin

Comme dans un film.
FIN.
On la lisse.
on passe un pinceau très doux sur tout le corps pour lisser encore le grain de peau...

Photographiée.

Mesurée 32cm.

Et déjà la prochaine se profile ...

Délicate cruauté

Pétrir la terre.

Sentir sa résistance et ses abandons.

Sculpter.

Donner chair.

Donner du sens.

Et de la pointe aiguë de l'outil ..

Donner l'émotion

fleurs de souvenance

J'essaie de lutter contre le gris dehors...

Et de recevoir en moi, sans lutter, tous les souvenirs personnels qui sont remontés à la surface de la mémoire...

C'est là où je vais quand il fait gris comme ça...

Les fleurs de souvenance ont des couleurs douces,
Les champs de l'enfance n'existent plus que sous le regard... qu'on les effleure de  la paume de la main et tout s'éffondre en poussière....qu'importe.
Restent prises a quelques  branches les voix qu'on a tant aimées, des rires, un regard. Et les mots qu'on ne pourra plus jamais dire.

C'est un royaume dérisoire ,où le ciel est très changeant ,ou les chemins ont des courbes douces ...il y a, de temps à autre, un banc, dans un angle mort, pour rêver, pour être à l'abri de la vie passante.

A vous

C'est de là que je vous écris depuis....
C'est le soir presque toujours.....
C'est un tout petit bureau dont la fenêtre ouvre sur le jardin....
L'éclairage y est plus doux d'habitude...(photo oblige)
Je pense que c'est aussi ce lieu qui jouait un rôle dans le caractère amical et intime de ce Journal et par conséquent de nos relations d'amitiés.
Parce qu'on écrit pas le jour comme la nuit...
Parce qu'on ne parle pas le soir à ses amis comme le jour....
Grâce à flo, j'ai pu vous retrouver, elle nous refera sans doute un blog tout chaud en couleur comme celui d'avant... quand elle aura un peu de temps.
mais l'essentiel est sauvé... le fil léger et tendre qui nous relie les uns aux autres, que ceux qui ont besoin de mot lui inventent un nom...moi je n'en ai pas.
Je sais, juste, ce que c'était ce sentiment d'isolement sans vous, cette absence de vous.
Alors moi qui déteste demander quoi que ce soit, je vais vous demander une chose à vous qui avez su retrouver le chemin, pour qu'on se retrouve....faites-moi cette faveur de mettre dans vos sites, vos blogs, un lien pour qu'on puisse se retrouver comme avant tous les soirs pour se parler pour renouer le lien défait....pour que le jardin bleu bruisse encore de vos noms de vos paroles
je vous embrasse très fort Marie....