Deville-Chabrolle Journal d'atelier (retrouvé !)

Changer de cerveau

Ces derniers jours, j'ai dû sortir d'un long rêve, celui de mes sculptures. Tout cet univers de terre rouge avec mes hommes, mes femmes, mes folles, comme une extraordinaire aventure souterraine.
Ses abîmes, ses fulgurances, ses passerelles d'une oeuvre à l'autre, j'étais dans le ventre de la terre, j'étais bien... et j'avais encore tant de choses à dire...

Mais j'ai aussi une quarantaine de tableaux à faire, alors il fallait sortir, respirer à peine,  changer de cerveau...
Et replonger, parce qu'on ne pense pas sculpture comme on pense peinture. Et autant vous l'avouer, j'avais peur, comme toujours il fallait retourner dans le noir, chercher de nouveau comment dire les choses en peinture... D'autant qu'évidement ne venaient à mon esprit que des idées de sculptures, comme si  l'autre cerveau s'était vidé pendant ce temps.

Alors aujourd'hui, je me suis souvenue de ce que m'avait dit , mon ami Jean-Louis, il y a quelques temps, " tant que vous irez "contre", vous resterez crispée dans le refus, accueillez les choses, et tout se dénouera en vous".
Bon, c'était mieux dit, plus joli....le fameux "lâcher prise".
Sauf que moi j'ai tellement peur de tout, que je m'aggripe comme une noyée à mes peurs...

Et puis hier soir j'ai parlé aussi avec Flo.
Flo c'est ce genre de fille: je peux l'appeler au téléphone et pleurer pendant un quart d'heure avant de pouvoir dire un seul mot, et bien elle attend, elle ne me dit rien, et quand j'arrive enfin à gargouiller quelque chose d'audible, elle trouve les mots...(je le sais je l'ai déjà fait, et pour boire le calice jusqu'à la lie, j'ai su après qu'elle avait au moins 15 amis à dîner).......oui, je sais, Le BOULET, mais elle, elle m'aime quand même.

Alors aujourd'hui, je me suis prise en douceur, j'ai ressorti, mes crayons, mes couleurs, mes pinceaux, je les ai réapprivoisés et on verra bien... Je me dis que c'est un peu comme sur la photo, s'il n'y a pas un peu de lumière qui saurait qu'il y a sans doute quelque chose qui germe déjà dans mon autre cerveau....

Petite note du soir

Je suis toute émue,

je me posais des questions sur le pourquoi ou le pourquoi pas des commentaires, et puis...vos réponses, Juste ce soir, au moment ou je repassai par "le journal" avant d'aller lire et dormir...

Demain je pars tôt à Nancy, pour travailler avec les ateliers de DAUM.

A mon retour, promis je vous raconte tout et je vous réponds.

marie

Le compteur

Je vois sur le petit compteur du blog, que près de huit mille personnes sont passées, certaines certainement ont fait fausse route, d'autres ne sont restées que quelques secondes, mais certaines reviennent régulièrement,  et laissent ou ne laissent pas, de commentaires.

Bien entendu je fais pareil sur les blogs que je visite presque quotidiennement  pourtant. Et je me demandais pourquoi on laisse ou pas, une trace de son passage.

En ce qui me concerne c'est par "timidité "souvent. Par exemple: "folie privée" je vais très souvent la lire, parce que son écriture est un pur bonheur, et qu'elle me bouleverse souvent, pourtant je ne lui écris pas.

Parce que quand je lis les commentaires qu'on lui laisse, j'ai l'impression qu'elle à déjà une "famille" et que ce que j'aurais envie de lui dire, vue la différence d'âge, ce sont les mensonges qu'on dirait aux enfants,"allez viens, mets ta tête contre mon épaule, pleures pas, tu verras les amis ne meurent pas, la souffrance ça n'existe pas, je suis là ..." un peu bête non? et pourtant c'est ce que j'ai réellement envie de lui dire quand elle ne va pas bien..... et elle, qui écrit beaucoup et si bien quand elle passe, me laisse toujours un mot...un seul...étrange non?

Pour Claude Astier, le peintre, sa créativité et sa capacité de travail me font toujours hésiter à mettre un commentaire, j'ai l'impression que je vais lui prendre du temps, de ce temps qu'il met si bien à profit...

Chez Ulysse, c'est différent, j'entre dans son blog sur la pointe des pieds, en me demandant toujours où je vais le trouver? face à moi? dans la voie lactée? collé sur le mur de sa chambre? dans la stratosphère? dans un livre ? Sa pensée est souvent fermée sur elle même, alors on admire c'est tout. Quelquefois je ne comprends pas tout. mais ça m'est égal, ça m'enchante. Il y a face à moi quand j'écris une page de livre birman, bien entendu je ne sais pas la déchiffrer, mais en plus j'aurais horreur qu'on me la traduise, je l'aime aussi parce que son sens se dégage de sa beauté ..c'est un peu pareil

Ce sont juste trois exemples mais bien sûr il y en a bien d'autres.

C'est le dernier commentaire de Roger, qui disait venir depuis une semaine, incognito sur le journal d'atelier, avant de se décider à laisser un petit mot, qui m'a fait réfléchir à tout ça ... et au vu du plaisir que j'ai eu à lire son commentaire, je me suis dit... qu'il fallait que je soigne  cette timidité, quitte à laisser juste un petit salut en signe d'amitié.....

Mélanie et le thé au Jasmin

Mélanie, est un de mes anges gardiens.
Je ne la connaissais pas, et au fil des notes et des commentaires, une tendresse est née.

Cette semaine, le rayon de soleil fut sa lettre, accompagnée de ce dessin......et de deux paquets de thé, thé au jasmin et thé des trois montagnes. L'assocition des deux noms m'a tout de suite donné envie d'aller en haut des trois montagnes déguster un thé au jasmin. 
Je sais, la lettre et le dessin étaient personnels.
J'ai conservé la lettre, c'est mon secret,  mais je n'ai pu resister à l'envie de montrer le dessin parce que je le trouve beau et tendre.

Mélanie, est-ce que tu sais combien c'est précieux, combien je ressens de gratitude, envers ces petits mots d'encouragement les tiens, les autres, combien je me sens proche... 
C'est rien, c'est tout, c'est le lait de la tendresse humaine....

Les fleurs de Kiya

Kiya est partie pour 15 jours, elle a emporté son rire de tourterelle qui file tout droit vers le soleil, ses 1324 sourires différents, ses jouets dans la baignoire, ses chaussons bleus, son odeur de petit pain chaud dans le grand lit.
Sur la route, elle m'a téléphoné pour savoir si je pleurais.
Non, mon amour,non. Va porter le bonheur ailleurs, je suis triste mais je ne pleure pas...

Je garde le bouquet de fleurs minuscules, trop grand pour le coquetier... les fleurs que tu m'as offertes.

Une journée transparente

Mon tablier de travail est resté accroché toute la journée. Abandonné.

Surpris, le jour est resté en suspend, ne sachant pas s'il fallait exister ou non sur le calendrier.

J'ai suivi les conseils de Jean-Louis, de Mélanie, de Claude et de tous les autres que j'aime.
Un jour de lecture, de thé au jasmin, d'eau qui coule fraîche dans le jardin...
Une jounée lumineuse et transparente...

Comment Kiya change le monde

Encore une fenêtre me direz vous? ....Oui, au risque de me répéter, parce que la fenêtre ouvre un espace vital.

Kiya a eu trois ans aujourd'hui.

Ce n'est rien trois ans, mais en quelques secondes elle nous a changé le monde. Le soleil irradiait la maison et depuis l'obscurité de la chambre, soudain tout le jardin s'est rempli d'une myriades de bulles, le silence s'est fait et c'était l'irruption de la poésie même.

Une petite fille qui, avec tout le sérieux que demande cette tâche,  depuis le rectangle d'ombre d'une fenêtre, nous renvoie à la lumière et la perfection fragile et légère, de la vie.

Je vous écris du haut des arbres

Il y a quelque chose de particulier à boire un thé brûlant en regardant le jardin dehors.

Il y a quelque chose de l'enfance à se tenir comme ça, à l'extrême bord de la journée, comme s'il y avait quelque chose à ne pas manquer, comme si les arbres nous rendaient libres possesseurs du silence...

A travailler sur la nudité du corps, sur sa vulnérabilité, c'est comme si cette fragilité s'insinuait en nous. La solitude comme de l'eau. c'est souterrain, ça s'infiltre dans les moindres fissures, et puis un jour il y a un glisssement de terrain infime à la surface, et puis un autre. C'est imperceptible....

Mais c'est bien, on vit en creux, en absence, on rêve d'écrire depuis le haut des arbres...

Le gris est une couleur pour mémoire

Le médecin a parlé de surmenage, alors j'ai regardé le bout de mes chaussures.

Il a parlé de repos, alors j'ai pleuré.

le corps qui dit son refus, le corps qui parle à voix haute.

L'imagination qui vole, l'esprit qui tire vers l'avant, impatient, et le corps qui capitule, renonce, lourd du plomb de l'épuisement.

Le repos obligatoire  monte ses murs gris autour de moi, et l'atelier se ferme à demi.

Pour quelques jours,et à demi seulement.....

"Tout m'altère, rien ne me change"

Chez flo, il y avait cette sanguine-là, que j'ai faite il y a quelques années.

La gorge serrée, je me dis que rien n'a changé....