Deville-Chabrolle Journal d'atelier (retrouvé !)

Réveillon?

Je sais c'est Mal....

J'ai mangé tous les bonbons rouges avant de vous en offrir, et seulement en image encore....mais je les aime surtout parce qu'ils sont rouges.
Tous les bonbons.

Les plus chimiques de la terre(...s'ils sont rouges Fraises Tagada, Dragibus etc .....ne faites pas semblant de ne pas connaître, bande de malhonnêtes!).....Et aussi les vrais, les bons, fait à l'ancienne...mais rouges... de préférence.

En revanche je déteste:
1)Envoyer des "voeux de bonne année", parce qu'en vrai ça marche pas...

2) Les repas de fin d'années qui durent des heures, et où il faut manger plein de trucs ,même quand depuis les gâteaux apéritifs tu n'as plus faim.

3) Boire du champagne sauf si je le mélange avec du sirop sucré et que je le remue beaucoup parce que il y a trop de bulles.
Et quand je met du sirop dedans je vois bien que je suis une sorte d'Hérétique pour les  amateurs..

Donc face à tous ces problèmes, mon vrai truc , c'est de déguiser le réveillon en une journée normale.
Aller à l'atelier, rentrer, et me coucher le soir.....dans des draps doux avec un bon livre.....

Erotique et Sensible et....

Dès que je rentre à la maison, avant même d'ouvrir le journal d'atelier ...je vous écris...

Donc j'ignorais  tout de la polémique qui faisait rage dans les commentaires ....
Ben!!!qu'est ce qui vous arrive Odile et Fabrice?

Moi je trouve que vos points de vue se complètent plus qu'ils ne s'opposent ...Sensibilité , sensualité, érotisme , pureté, volupté, imagination tout cela existe.... du moins je l'espère dans mes sculptures....et j'y met même des choses plus près de mes doutes de mes angoisses tout cela affleure plus ou moins selon le sujet ou mon état émotionnel du moment et votre regard personnel fait plus ou moins émerger tel ou tel ressenti...

allez je vais vous mettre une autre photo ou la lecture de l'image peut être radicalement différente selon le lecteur....

Cette sculpture s'appelait "les Arches de la nuit"
Bon je vous l'accorde  le sujet est moins ....."sensuel", n'empêche que si on "lit" la pièce de droite à gauche ou de gauche à droite ...

Sans parler de la sensibilité de chacun

Bon ,allez .....parait que c'est les fêtes

Alors on va peut être se remettre la "Danseuse d'IZU".... déjà que vous êtes énervés comme tout.

Hé!au fait! je vous embrasse fort tous les deux ...

Le Bateau Ivre

Quand je l'ai regardée sous cet angle, je me suis dit que j'avais sculpté le vent.

Finalement on ne sait pas toujours ce que l'on sculpte , on croit sculpter une manche, plus largement du tissu...et puis finalement non.

C'est ni l'un ni l'autre c'est le vent d'hiver.
ou le frisson de la peau, sur l'épaule nue.
Ou encore le froid qui vitrifie tout, l'air , le paysage, les sentiments quelquefois.

Peut être si je l'avais sculptée la seconde d'après elle aurait tourné son visage vers moi, et j'aurai alors cru saisir l'expression de son visage et c'est la tristesse que j'aurai sculptée ....ou la mélancolie.... comment savoir?

Comment savoir ?

J'ai décidé à l'instant même d'ouvrir un livre au hasard...
La première prase était
"J'ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies,"
Arthur Rimbaud
"Le Bateau Ivre"

J'ai ma réponse

Les yeux fermés

16h.
Crampes dans les mains.

Signe qu'il faut arrêter.

Depuis ce matin je travaille  sur le drapé, côté dos de la demoiselle.

En plus j'ai froid aux pieds.

J'ai éteint le chauffage la danseuse supporte mal la chaleur.

Et j'ai mal au coeur...oublié le déjeuner de midi.

On est entre Noël et jour de l'an.
Personne à l'atelier.
Juste la danseuse , moi, et mes pieds gelés.
Et pourtant si je vous disais que le bonheur est là.
Que je suis enfin en paix avec moi-même.
Là dans ce silence, dans ce travail minutieux des plis et replis .

Quelquefois je reste assise, face à elle , avec ma tasse de thé, ou avec rien, je regarde chaque plis, puis l'ensemble, je prend note mentalement des détails qu'il faudra corriger, je reviens aux plis....à l'ensemble...

Sans doute que le temps passe..mais ailleurs , derrière les fenêtres sans doute, si j'en avais l'envie, je pourrais regarder savoir très précisément si c'est le jour ou la nuit, si les branches du  saule bougent ,  si la rivière coule toujours...

Je pourrais

Si j'avais envie

Mais qui sait si le monde existe toujours, si on ferme les yeux?

Pirouette

Hier matin je suis allée à l'atelier peaufiner un peu les détails et les reproduire sur le dos des manches et des kimonos.
Pour une fois j'avais un apprenti sculpteur avec moi à l'atelier.
Kiya avait décidé de faire de la sculpture...j'ai déjà deux oeuvres de l'artiste, un chat-soleil et un oiseau.. Cette fois-ci elle avait décidé de faire un Jardin.
C'était rien, juste deux heures avec mon petit bout, assise à sa tournette et qui chantait à tue-tête "pirouette cacahouette" tout en restant très concentrée sur son jardin.
Moi je n'ai pas beaucoup avancé bien sûr, mais pas parce qu'elle me dérangeait.... parce qu'un petit éclat de bonheur était tombé là, dans mon atelier... et que même le silence était tout éberlué d'être bousculé par les pirouettes d'une cacahouette.

La nomade en attendant le bronze

                                                                                                                         

Flo... elle vous avait de son coté préparé ce petit cadeau,
je le poste de sa part
baisers
marie

Aux promeneurs du soir

Elle n'est pas finie, mais je ne doute pas que votre imagination
pallie au manque.

J'ai tant reçu de vous que je voulais vous offrir la Danseuse
d'Izu .
L'offrir à tous  ceux , qui, promeneurs du soir de Noël s'arrêteront un moment ici....sur cette terre tranquille.

Je vous embrasse
Marie

Poisson arc-en-ciel

En ce moment plein de voeux volent autour de nous, "Joyeuses fêtes", "joyeux noël "etc ... je ne sais pas vraiment si la Joie sera partout et pour tous...

Alors au cas où, je vous envoie un desssin de vraie Joie .
la joie toute pure des petits....
Signé Kiya , bien sûr...

La danseuse d'Izu 4

Un jour Shizuko perdit sa joie, comme on perd son âme.

Chaque jour lui devint un hiver de glace.

Même lors de nos promenades dans la cour intérieure jamais plus je n’entendis son rire, ni un seul mot sortir de ses lèvres.
Des lunes passèrent sur ses nuits et sa peau n’en garda que la pâleur.
Un soir elle vint me rejoindre dans ma couche et me dit : « je vais partir, la vie est trop étroite, à quoi serviront tous ces poèmes toutes ces musiques, toutes ces danses et tout ce silence dans ce pays de neige qui n’existe que pour nous…je connais un chemin »

Je n’eus pas le temps de répondre elle glissa dans ma main un rouleau de papier couvert de son écriture fine.
Elle se vêtit en toute hâte de son kimono le plus léger et d’un manteau .

Ses cheveux étaient dénoués….

Image d’un monde flottant…

Le sculpteur 4

                                                              Je n’ai pas pu travailler sur la danseuse hier….
Aussi ce matin je l’ai retrouvée avec impatience.

Il est de ces jours où tout vient facilement, en la tournant pour travailler le dos…c’est comme si, soudain, le vent s’était levé, il s’engouffrait dans ses manches , soulevait les lourds tissus de terre et je comprenais pourquoi l’étoffe collait ainsi à son corps côté face.

Après des heures d’humilité à avancer vers une sculpture, à la questionner du regard, à essayer de comprendre la plus infime de ses lignes à essayer de la mettre en cohérence avec les autres lignes. Il arrive ce moment de grâce où tout se dénoue comme un lien défait